
Portrait de l’épouse de Napoléon III, l’Impératrice Eugénie (1826-1920). Si sa couronne a été retrouvée aux abords du musée, son diadème a été volé alors qu’il avait été vendu aux enchères en 1887. La IIIe République, par haine de la monarchie, avait voté la loi d’aliénation des joyaux de la Couronne. La recette fut désastreuse, seulement 6 927 509 F (environ 13 800 000 €) soit 14 fois moins que la valeur réelle. Les acheteurs (Boucheron, Tiffany etc) les dépecèrent pour réutiliser les pierres. En 1982 grâce à la Société des Amis du Louvre le diadème était racheté et offert au musée du Louvre.
Des voleurs à scooter ont dérobé les joyaux de la Couronne, un scénario improbable mais efficace. La présidente du Louvre, Laurence des Cars, alla jusqu’à déclaré « tout s’est bien déroulé »…suivant le protocole de sécurité, point de faute donc juste des failles comme les caméras vieillissantes et insuffisantes, à l’extérieur aucune pour signaler la présence d’un monte-charge sous les fenêtres de la Galerie d’Apollon et à l’intérieur, une seule mais qui n’était pas braquée sur la fenêtre par laquelle les cambrioleurs ont pénétré le 19 octobre 2025 comme ils l’avaient déjà fait en 1976 !
Les joyaux de la Couronne sont les bijoux de famille des Français. Ces bijoux ont traversé les siècles avec parfois un parcours surprenant comme cette broche qui fut dans le passé un bouton du justaucorps de Louis XIV puis une boucle d’oreille de Marie-Antoinette. En 1976, l’épée du sacre de Charles X a été dérobée, comme le souligna Stéphane Bern « On ne l’a jamais retrouvée pour une raison simple : il suffit de démonter les joyaux ! Vous dessertissez les pierres et les vendez à l’unité. » Ainsi pour les cambrioleurs il est probable qu’il ne s’agit pas de 8 bijoux d’une valeur matérielle de 88 millions d’euros mais de 8 708 diamants, 34 saphirs, 38 émeraudes et 212 perles.
Depuis plusieurs années maintenant les vols de matériaux précieux se multiplient chez les particuliers et dans les musées. Dernièrement, le 16 septembre 2025 au Muséum national d’histoire naturelle de Paris les voleurs ont dérobé uniquement l’or dont une pépite offerte par le tsar Nicolas Ier de Russie en 1833. En n’ayant pas tenu compte de cette réalité de la délinquance ciblée, une faute grave, peut-être irréparable, a été commise. Pourtant le ministère de la Culture n’avait pas attendu les conclusions d’un rapport sur la sécurisation des églises pour mettre en sécurité la Vraie Croix de Baugé, trésor lui aussi inestimable de la chrétienté, en réalisant un reliquaire financé par des fonds publics et un appel aux dons. Des mécènes aussi y avaient répondu comme la Fondation Charles De Gaulle et la Fondation Maison de Bourbon. De notre côté nous avions organisé le Bal des Lys à son profit. Aussi, en l’espèce, la problématique n’est pas la sécurité de tous les lieux patrimoniaux mais de celui de la Galerie d’Apollon, lieu unique de la collection royale de gemmes et des diamants de la Couronne.
En 2011, Nicolas Sarkozy, Président de la République, avait créé une commission pour définir l’avenir de l’Hôtel de la Marine (anciennement l’hôtel du Garde-Meuble de la Couronne). Dans son rapport, son président Valery Giscard d’Estaing, préconisait que le bâtiment devienne « une galerie du trésor français. » Cette idée pourrait être reprise en s’inspirant du Trésor impérial (Kaiserliche Schatzkammer) à Vienne en Autriche où l’on retrouve les joyaux de l’empire d’Autriche et les regalia du Saint-Empire.
Depuis les années 50 le Musée du Louvre enrichit sa collection des Joyaux de la Couronne en rachetant ceux qui avaient disparu lors du sac du Garde-Meuble de la Couronne une semaine après les Massacres de Septembre 1792. Il est possible que les joyaux de la Couronne se soient volatilisés définitivement ou que dans deux siècles ils réapparaissent comme en 2007 lorsque le minéralogiste François Farges a retrouvé le diamant bleu de la Toison d’or dans un musée américain. Après avoir été acquis par Thomas Hope, dont le père fut un important mécène des Lumières, le diamant changea de main à plusieurs reprises, dont celle de Cartier, avant d’être offert en 1958 au Smithsonian Institute de Washington. Il est le deuxième objet le plus visité au monde après la Joconde et est évalué à 214 387 500 millions d’euros. Aussi, il serait légitime que ce diamant volé au Trésor national à la Révolution française retrouve sa place parmi les joyaux de la Couronne et qu’une demande de restitution soit transmise aux États-Unis.

Du 10 décembre 2025 au 6 avril 2026, l’Hôtel de la Marine (anciennement l’hôtel du Garde-Meuble de la Couronne) accueillera l’exposition « Joyaux Dynastiques. »
L’exposition rassemblera les joyaux des impératrices Catherine II de Russie, Joséphine, Marie-Louise d’Autriche, Eugénie et la reine Victoria.
L’exposition bénéficiera de prêts exceptionnels d’institutions ainsi que les collections patrimoniales de Cartier, Chaumet, Mellerio et Van Cleef & Arpels…Peut-on imaginer une telle exposition au Musée du Louvre ?