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Le dernier édito de Nicolas Chotard Président des Lys de France
Élisabeth de France dite Madame Élisabeth,
née le 3 mai 1764 à Versailles,
guillotinée le 10 mai 1794 place de la Révolution
(Place de la Concorde) à Paris
Critique à l’égard des idées nouvelles, Madame Elisabeth s’est évertuée à mettre en garde Louis XVI, son frère espérant aussi l’alliance des puissances étrangères et des émigrés. Hostile à la Constitution civile du Clergé elle défend la France traditionnelle, celle consacrée sur le baptistère de Reims. Refusant d’émigrer, Madame Elisabeth partage jusqu’à la fin le sort de la famille royale de la journée du 6 octobre 1789 avec son départ à jamais de Versailles sous la contrainte des femmes venues de Paris à la “fuite” à Varennes puis à son “embastillement” à la Tour du Temple. Après le départ de la prison de la Reine pour le chemin du martyr, elle veille sur les enfants, à Marie-Thérèse-Charlotte elle rappelle les propos de son père le Roi défunt : “La religion est la source du bonheur et notre soutien dans l’adversité ; ne croyez pas que vous en soyez à l’abri ; vous ne savez pas, ma fille, à quoi la Providence vous destine.”
10 mai 1794
10 heures, Madame Elisabeth est conduit devant le tribunal révolutionnaire, la jeune trentenaire sait qu’elle assistera à une parodie de justice, le procès est “préfabriqué” avec impossibilité de correspondre avec son avocat. La sentence de l’accusateur public Fouquier-Tinville est sans appel : “Elisabeth Capet, soeur de Louis Capet, dernier tyran des Français, née à Paris (en réalité à Versailles), y demeurant … (vient ensuite la liste des 25 coaccusés) est condamnée à la peine de mort et les biens desdits acquis à la République en conséquence de la loi du 10 mars 1793.” Sa réplique est cinglante : « Si mon frère eût été ce que vous dites, vous ne seriez pas là où vous êtes, ni moi, là où je suis ! ». À un homme des Lumières scandalisé par sa condamnation elle répond calmement : « S’il est beau de mériter l’estime de ses concitoyens, croyez qu’il est encore plus beau de mériter la clémence de Dieu. ». Un an plus tard, lors de son procès, le futur guillotiné assura qu’il avait agi en vertu des lois portées par la Convention déclarant même avec aplomb « J’étais la hache de la Révolution, punit-on une hache ? »
Dans l’attente de son exécution elle apporte son aide spirituelle à ses compagnons d’infortune parmi lesquels l’ancien ministre Loménie de Brienne, Madame de Lamoignon, Madame de Montmorin et son fils, et sauve la vie de la comtesse de Sérilly qu’elle convainc de déclarer sa grossesse. Dans cette France des heures les plus sombres où le sang coule abondamment, l’esprit des Lumières qui souffle sur le Tribunal révolutionnaire se refuse à condamner à mort un innocent. Ainsi sa mère sera graciée, survivra à la Terreur et “Hosanna !” donna naissance à un petit garçon.
Le tyran Fouquier-Tinville lui refuse l’assistance d’un prêtre. Mais le Seigneur veille et a mis sur la route de sa charrette un “saint prêtre” qu’elle aperçoit à une fenêtre, il fait alors le signe de croix lui donnant ainsi à distance l’absolution. Probablement récite-t-elle aussi une dernière fois sa prière quotidienne qu’elle avait composée lorsqu’elle était prisonnière : “Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu, je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne m’arrivera rien que Vous ne l’ayez prévu de toute éternité. Cela me suffit, ô mon Dieu, pour être tranquille. J’adore Vos desseins éternels, je m’y soumets de tout mon coeur. Je veux tout, j’accepte tout, je Vous fais le sacrifice de tout ; j’unis ce sacrifice à celui de Votre cher Fils, mon Sauveur. Vous demandant, par son Sacré-Coeur et Ses mérites infinis, la patience dans mes maux et la parfaite soumission qui Vous est due pour tout ce que Vous voudrez et permettrez. Ainsi-soit-il“. Ainsi, elle tient sa force et son courage de sa foi, de son abandon à Dieu.
13 heures, Madame Elisabeth, tel Jésus s’offrant en holocauste pour racheter les péchés des hommes, monte à l’échafaud, le sein de Dieu lui ouvre ses portes. Plusieurs témoins affirment qu’à l’instant où son âme est montée au Ciel quittant ce corps martyrisé, une odeur de rose se répandit.