L’histoire de France et de la chrétienté sont étroitement liées. Jeudi dernier, le Professeur Patrick Demouy nous a conté la cérémonie du Sacre donnant son avis d’universitaire sur la légende de la Sainte Ampoule descendue du ciel portée par une colombe. Par contre, incontestablement, le Ciel a souvent été présent dans l’histoire monarchique envoyant sa bergère pour qu’elle conduise Charles VII à Reims, inspirant Louis IX dans ses œuvres avant d’être reconnu en tant que Saint Louis ou permettant la continuité du Miracle capétien avec Louis XIV.
Anne d’Autriche porte le prénom de sa grand-mère qui est aussi celui de la grand-mère de Jésus dont les reliques sont vénérées dans le Lubéron à Apt. Le Dauphin n’étant toujours pas né, Anne d’Autriche supplie sa sainte patronne et protectrice. Le 10 novembre 1623, elle adresse une lettre au sanctuaire en sollicitant l’envoi d’une parcelle des reliques. Mais comme le temps de Dieu n’est pas celui des Hommes, il lui faudra attendre quinze ans avant que le Frère Fiacre voit la Sainte-Vierge lui présenter « l’enfant que Dieu veut donner à la France » mais sous la condition de réciter trois neuvaines, à Notre-Dame des Grâces (à Cotignac, en Provence), à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Victoires. Le Frère Fiacre s’en acquitte du 8 novembre au 5 décembre 1637. En janvier 1638, consciente d’attendre un heureux événement, la Reine est placée sous la protection de la Sainte-Vierge. Ayant la réputation de favoriser la grossesse et la naissance d’enfants, comme avant elle Anne de Bretagne pour le dauphin Charles, le 6 février 1638, Anne d’Autriche ceint la Sainte Ceinture de la Vierge conservée au Puy-Notre-Dame en Anjou. Neuf mois après la fin de la dernière neuvaine du Frère Fiacre, le 5 septembre 1638, Anne d’Autriche donne naissance au futur Louis XIV.
Le 7 mars 1625 dans la Bretagne traditionnelle Sainte-Anne apparait à Yvon Nicolazic, un simple laboureur, qui est en train de réciter son chapelet et le guide dans un champ. On y retrouve une statue à l’endroit où s’élevait une chapelle qu’il faudra reconstruire. Cette même année, le 27 juin 1625 l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie fondé par Sainte-Jeanne de Chantal et Saint-François de Sales est approuvé par le pape. La chapelle de Sainte-Anne-d’Auray construite, Louis XIII et Anne d’Autriche offrent une relique de sainte Anne conservée au sanctuaire d’Apt. En 1651, Anne d’Autriche portée par une âme charitable fonde un hôpital pour « nos seigneurs les malades » lui donnant le nom de sa sainte patronne. Aujourd’hui, l’hôpital Sainte-Anne a une réputation internationale dans le domaine, en pleine expansion, de la psychiatrie.
En 2025, le sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray et le diocèse de Vannes fêtent les 400 ans des apparitions de sainte Anne. Pour la fête de Sainte Anne, le samedi 26 juillet, le pape Léon XIV se fera représenter par le cardinal Robert Sarah. Par ailleurs, le sanctuaire annonce le pèlerinage du duc d’Anjou. Le dimanche 1er juin, il accueillera Louis de Bourbon, descendant de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, pour une messe présidée par Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes. En 2025, l’Ordre de la Visitation fête aussi ses 400 ans. Samedi dernier, à Mayenne, l’ancien couvent des Visitandines devait accueillir le Bal diabolique des Ardent(e)s. Certes nous ne sommes plus au Grand Siècle dans une société à la foi ardente, il n’en demeure pas moins que nous devons respecter notre culture ancestrale sans dénaturer le patrimoine chrétien.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France |