L'art de vivre à la Française

Catégorie : Éditos

Retrouvez ici tous nos éditos autour de l’actualité des Lys de France :

Edith Piaf

       Alors que pour le départ de la flamme olympique la Grèce avait choisi Nana Mouskouri, en France, une rumeur avait plané sur la participation d’Aya Nakamura pour interpréter une chanson d’Edith Piaf lors la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Soixante ans après son rappel à Dieu, « la Môme » demeure notre plus grande chanteuse populaire, ses œuvres lui ont survécu, son secret : son talent et sa foi ardente, elle qui disait : « Si un jour je perdais la foi, je ne pourrais plus chanter. »

         Aveugle à 4 ans, sa grand-mère paternelle, de profession “pas très catholique”, mais brave personne, la conduisit en pèlerinage à Lisieux et miraculeusement elle retrouva la vue. Sainte-Thérèse sera sa protectrice durant toute sa vie, toute sa carrière “Ma petite robe de scène, c’est comme le voile noir de sainte Thérèse” disait-elle. Son habilleuse était témoin de sa dévotion Thérésienne “Elle priait sa petite Thérèse dans les périodes misérables et aux époques d’abondance le regard tourné vers le Ciel elle gardait l’espérance malgré les épreuves. Discrète dans ses œuvres de charité, elle vint en aide aux plus pauvres, sauva un prêtre du suicide et finança la restauration d’une église délabrée.

      “Piaf ne chantait pas, elle devenait son chant. Une incantation, entre Ciel et Terre […]. Dans les strates de cette voix magique se trouve la foi d’Édith…” Pierre Fesquet, auteur d’un émouvant Piaf, un cri vers Dieu, a accordé un entretien à France catholique :  

Chez Édith Piaf, la foi et la voix sont indissociables, portées par une immense dévotion à sainte Thérèse. Comment l’expliquer ?

Pierre Fesquet : Édith Piaf souffrait d’une grave maladie oculaire qui l’avait rendue presque aveugle. Abandonnée par sa mère à 3 ans, elle est recueillie par son père qui la confie alors à sa grand-mère, Louise Gassion. Celle-ci tient une maison de rendez-vous, autrement dit une maison close, à Bernay, en Normandie, à 30 km de Lisieux. Édith est née en 1915, dix-huit ans après la mort de la petite Thérèse qui n’est pas encore canonisée mais dont la réputation est déjà impressionnante. La grand-mère Gassion et ses « filles » ont l’habitude de prier la carmélite et ont entendu dire qu’une fille aveugle, Reine Fauquet, avait été guérie de sa cécité après avoir fait un pèlerinage sur la tombe de Thérèse. C’est ainsi que, le 19 août 1921, la patronne et ses dames accompagnent l’enfant dans le cimetière du carmel après avoir assisté à la messe. Quelques jours plus tard, Édith, alors âgée de 6 ans, voit ! Le miracle sera attesté par l’ophtalmologiste qui la suivait. Toute la maisonnée partira le lendemain à Lisieux pour un pèlerinage d’action de grâce et le père d’Édith, Louis Gassion, passera autour du cou de sa fille une chaîne avec une médaille de la future sainte en lui murmurant : « Elle te protégera toujours. » Non seulement Édith gardera pour elle une reconnaissance pleine de la joie de la vue retrouvée mais elle tissera, en plus, un lien presque charnel. À 10 ans, alors qu’elle est sur les routes avec son père contorsionniste, elle décide de fuguer pour aller retrouver Thérèse qui vient d’être canonisée à Rome ! Elle grimpe dans un train pour gagner Bernay, où elle supplie sa grand-mère de l’emmener à Lisieux. À la librairie du carmel, elle découvrira alors la voie d’enfance spirituelle proposée par la carmélite à travers Les annales de sainte Thérèse de Lisieux et elle y sera fidèle toute sa vie.

Peut-on dire que sainte Thérèse a eu une influence sur sa carrière de chanteuse ? Absolument. Lorsqu’Édith retourne à Lisieux en 1925, elle prie devant la châsse de la sainte et sa grand-mère lui raconte la procession d’action de grâce qui eut lieu à Lisieux pour la canonisation de Thérèse. Cette description fait rêver l’enfant et Piaf avouera plus tard : « Ce jour-là, j’ai compris ce qu’était la vraie gloire. Ce qui m’a évité par la suite de croire en la mienne. » Dans sa loge d’artiste, Édith avait toujours une statue et une photo de la sainte et elle embrassait sa médaille avant d’entrer sur scène. Sa silhouette frêle engoncée dans une petite robe, elle portait toujours du noir pour « imiter le voile de sainte Thérèse ». Devenue la grande Piaf, elle comparera souvent sa vocation à celle de la carmélite en confiant : « Une scène c’est un champ clos, une arène. Il faut combattre, il faut gagner. Comme Thérèse l’a fait. C’était une pêcheuse d’âmes. Moi aussi je vais les pêcher. Mais il faut avoir Dieu avec soi. »

À quoi ressemblait la foi d’Édith ? Édith s’abîmait dans la prière, elle aimait se ressourcer à la basilique Notre-Dame-des-Victoires, à Paris, où sainte Thérèse était venue demander des grâces, mais sa foi était aussi en action et en charité. À Strasbourg, alors qu’elle est attendue au sommet de sa gloire, un clochard se dresse sur son chemin et lui demande du travail. Aussitôt, elle l’emmène à une réception à l’Hôtel de Ville et le confie au maire qui lui trouvera un emploi de jardinier.

                                                             Nicolas Chotard,

                                                         Président des Lys de France

                                                       

Dans la basilique de Notre-Dame des Victoires, le sarcophage de Jean-Baptiste Lully surplombe la chapelle Sainte-Thérèse où Edith Piaf venait prier

La République et le roi

Sous le règne d’Henri IV, la notion de République remplace celle de res publica

Un des plus beaux portraits d’Henri IV. Noblesse et autorité émanent du visage de cet homme de 41 ans, que son intelligence politique et son courage viennent de porter au faite de sa gloire.” Extrait du livre Henri IV raconté par François Bayrou, professeur agrégé de lettres classiques, ancien ministre.

    L’Empire libéral s’achève le 4 septembre 1870 à Sedan, la capitulation et la capture du va-t-en-guerre Napoléon III jettent la France dans le chaos. Les insurgés se répandent dans Paris, le Palais Bourbon est envahi. Les députés républicains entérinent la chute de l’aigle impérial et la République est proclamée.

En 2020, à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de sa proclamation au Panthéon, le Président de la République déclara : « La France, écrivait Marc BLOCH, est la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’ai bu aux sources de sa culture. J’ai fait mien son passé. Je ne respire bien que sous son ciel et je me suis efforcé à mon tour de la défendre de mon mieux ». C’est tout cela entrer en République française. Aimer nos paysages, notre histoire, notre culture en bloc, toujours. Le Sacre de Reims et la Fête de la Fédération, c’est pour cela que la République ne déboulonne pas de statues, ne choisit pas simplement une part de son histoire, car on ne choisit jamais une part de France, on choisit la France. La République commence, vous l’avez compris, bien avant la République elle-même, car ses valeurs sont enracinées dans notre histoire. Et devenir Français, c’est l’épouser toute entière et c’est aussi épouser une langue qui ne s’arrête pas à nos frontières, vous le savez parfaitement, mais qui fut aussi l’un des ciments de notre nation. » …/…« Notre langue est le berceau de la République, bien avant qu’elle ne soit proclamée par les conventionnels de 1792, parce que la République prend forme déjà dans les textes de BODIN à la Renaissance. » Emmanuel Macron rendit un surprenant hommage à Jean Bodin (1530-1596). Le juriste rallié à Henri IV considérait que la souveraineté qui “gît en un seul prince” fondait la République.

 Comme le précise le professeur Philippe Sueur dans son ouvrage universitaire « Histoire du droit public français, XVe-XVIIIe siècle – la constitution monarchique » : « au cours du XVIe siècle et sous l’influence de l’humanisme, c’est l’expression res publica, la « chose publique » des Romains, qui fut utilisée par les publicistes jusqu’à Jean Bodin, Les Six Livres de la République (1576). La République est conçue, plus ou moins confusément, comme communauté d’intérêts publics et patrimoine commun à l’ensemble des citoyens indépendamment d’une forme de régime politique (monarchie, aristocratie ou démocratie). À partir du milieu du XVIe siècle, le terme Etat marque la stabilité, la permanence, la continuité à laquelle chacun aspire, il traduit une nouvelle organisation politique qui s’oppose à la féodalité ou au désordre (NDLR : de 1560 à 1598, les guerres de religions ravagent le royaume). Largement employé par les juristes protestants, après 1570, il passa définitivement dans le langage officiel sous le règne d’Henri IV, …/…, pour se substituer à celui de res publica. L’Etat apparaît bien comme la communauté politique intégrale, associant gouvernants et gouvernés sous une même loi dans le cadre d’institutions réglées. En ce sens, l’Etat implique la durée et l’ordre, il indique que, transcendant la personne du gouvernant, une personne morale demeure immuablement.

L’Etat ne se confond ni avec le roi, ni avec ses intérêts privés. Par la pérennité de ses fonctions, il ne peut s’incarner dans un mortel ainsi que l’atteste Dangeau, rapportant dans son Journal, le 25 août 1715, la phrase de Louis XIV sur son lit de mort : « Je m’en vais, mais l’Etat demeurera toujours. » Telle était la conception qu’avait de l’Etat celui à qui la postérité attribue légendairement la célèbre formule « L’Etat, c’est moi », et qui concentre sur son gouvernement le mythe de l’absolutisme compris péjorativement comme un régime politique dépourvu de constitution, autoritaire et non respectueux des droits des personnes. »       

                                                             Nicolas Chotard,

                                                         Président des Lys de France

                                                       

Si la Constitution de 1793 précisait que : “La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible…”, celle de 1958 rappelle le principe “La France est une République indivisible…”. Il y a toutefois une exception sur le territoire de la République : les 3 royaumes coutumiers de Wallis et Futuna

Le Trône et l’Autel

Le 18 mars 2023, le tableau évoquant Louis XIV présentant son fils, le Grand Dauphin, à la Sainte Vierge était inauguré dans l’église du sanctuaire Notre-Dame de Grâces à Cotignac.
Don de Madame Anne-Aymone Giscard d’Estaing, veuve de Valéry Giscard d’Estaing, ancien Président de la République (1974-1981).

     « Nulla protestas nisi a Deo » selon ce principe chrétien qu’« il n`y a point d`autorité qui ne vienne de dieu » la monarchie affirme son origine divine tout en reconnaissant la distinction des domaines « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». L’alliance du Trône et de l’Autel rythme la vie du royaume. Le roi de France, lieutenant (tenant lieu) de Dieu sur Terre, prie, se met humblement à genoux devant son Seigneur, le Christ-Roi…accompagné souvent dans son cheminement de saintes femmes. 

      Ainsi, au cours de la bataille de Tolbiac, le païen Clovis invoque le Dieu de Clotilde et promet à la reine de se convertir en cas de victoire. Respectant sa parole, le roi des francs reçoit le baptême en 496 et entraine tout son peuple dans la civilisation chrétienne. En 987, à Senlis, Hugues Capet est couronné roi, Adélaïde d’Aquitaine, la reine, fait construire une chapelle royale, les reliques de la Passion et celle de Saint-Fraimbault, l’ermite du Maine, y sont alors vénérées jusqu’à la Révolution française.

En l’an de grâce 1429, le « gentil dauphin » Charles VII remet son destin entre les mains d’une jeune bergère de 17 ans. Elle a reçu la mission divine de le conduire à Reims pour que sa Légitimité soit reconnue. Sur la route du Sacre, à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, par acte notarié, Jeanne d’Arc renouvèle le pacte avec Dieu et demande à Charles VII de lui donner son royaume, qu’elle remet à Jésus-Christ qui le rend au roi. Cette triple donation est étroitement liée à ses déclarations « Jésus-Christ est vrai Roi de France », son Seigneur qu’elle a inscrit, avec la Sainte Vierge, sur son glorieux étendard.

La couronne de France se transmettant selon les règles d’hérédité et de primogéniture masculine, on invoque parfois le Ciel pour qu’il donne un héritier au royaume. En 1234, Saint Louis et Marguerite, ne pouvant pas avoir d’enfants, se rendent en vallée de Chevreuse à l’abbaye de Vaux-de-Cernay. Saint Thibaut les reçoit et leurs assure de ses prières les plus ferventes. Le 12 juillet 1240 vient au monde Blanche, l’ainée de 10 futurs frères et sœurs. Plus tard, en 1637, Louis XIII et Anne d’Autriche se trouvent dans la même situation. Sous la protection divine, la Sainte Vierge, tenant dans ses bras un enfant, apparait au Frère Fiacre, et lui dit que la reine doit faire célébrer trois neuvaines de prières à Notre-Dame de Grâces à Cotignac, à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Victoires. Le Frère Fiacre termine la dernière neuvaine le 5 décembre 1637, neuf mois plus tard, Louis Dieudonné voit le jour.

Après avoir terminé son dernier chef-d’oeuvre, la chapelle royale du château de Versailles, Louis XIV rend son âme à Dieu, sa “mission” sur Terre est achevée. Le roi « très chrétien » meurt en 1715, c’est aussi la fin d’une époque millénaire, la Lumière, défendue par les apologistes, est contestée par les Lumières, opposants à la doctrine catholique. L’esprit des Philosophes pénètre Versailles, l’Encyclopédie prend place dans la bibliothèque du roi. C’était sans compter sur l’accomplissement du Plan de Dieu qui met sur le Chemin de Louis XV, sa fille, la future Bienheureuse Louise de France, et sur celui de Louis XVI, sa sœur, Madame Elisabeth. Ces saintes femmes accompagnent alors les rois « en délicatesse » avec la Tradition.

Du fond de l’abîme, à la prison du Temple, le roi déchu, sous l’influence de Madame Elisabeth, consacre la France au Sacré-Cœur : « Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon cœur et la profondeur de l’abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans nombre m’environnent de toutes parts. À mes malheurs personnels et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent pour accabler mon âme, ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de toutes les infortunes, les gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles et une voix intérieure m’avertit encore que, peut-être, votre justice me reproche toutes ces calamités parce que, dans les jours de ma puissance, je n’ai pas réprimé la licence du peuple et l’irréligion qui en sont les principales sources ; parce que j’ai fourni moi-même sans le savoir des armes à l’hérésie qui triomphe en la favorisant par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l’audace de tout oser. Je n’aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de vouloir me justifier devant Vous mais Vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la foi et aux règles des mœurs. Mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi David qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre Vous, à Manassès qui avait entraîné son peuple dans l’idolâtrie. Vous les avez rétablis l’un et l’autre sur le trône de Juda, vous les avez fait régner en paix et avec gloire. Seriez-vous inexorable aujourd’hui pour un fils de saint Louis qui prend ces rois pénitents pour modèles, veut réparer ses fautes et devenir un roi selon votre cœur ? …/… Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma liberté, ma puissance et ma couronnes royale, je promets solennellement… De prendre… toutes les mesures nécessaires pour établir en suivant les formes canoniques une fête solennelle en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi dans l’octave du Saint Sacrement et toujours suivie d’une procession en réparation des outrages et des profanations commises dans nos saints temples pendant le temps des troubles par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens. »

En 1871, quelques jours après l’apparition de la Sainte Vierge dans le ciel de Pontmain en Mayenne, le général Athanase de Charette, à la tête des anciens zouaves pontificaux en bivouac à Fougères, vient interroger les voyants dans l’église paroissiale. Le petit-neveu du « Roi de la Vendée » se serait-il déplacer pour savoir si le Ciel allait redonner un roi à la France ? Les enfants lui ont probablement rappelé le message d’espérance délivré par la Saint Vierge « Mais priez mes enfants. Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher » mais il n’allait pas s’appliquer au destin royal du Comte de Chambord. Henri V ne montera jamais sur le Trône de France et gardera en souvenir son carrosse du Sacre construit prématurément.

                                                           Nicolas Chotard,
                                                                    Président des Lys de France.

                                                           Trésorier de la Chouannerie du Maine

La magnifique mosaïque du Chœur de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, une des plus grandes du monde, immortalise le vœu du Temple en 1792 par Louis XVI et la famille royale. Le roi est entouré de Madame Royale et de Louis XVII, derrière eux, l’abbé Edgeworth de Firmont, Marie-Antoinette et Madame Elisabeth.

Louis XVII, “l’oublié” du Temple

Marie-Antoinette et ses enfants en 1787

par Elisabeth Louise Vigée Le Brun

La reine tient sur ses genoux le duc de Normandie (Louis XVII, 2 ans), à sa droite Madame Royale (Marie-Thérèse, 9 ans), à sa gauche le Dauphin (Louis-Joseph, 6 ans, mort le 4 juin 1789 à la veille de l’ouverture des Etats Généraux et de la Révolution française). Il entrouvre le rideau du berceau vide, il s’agit de celui de Madame Sophie, née le 9 juillet 1786, morte le 19 juin 1787.

    Chaque premier dimanche du mois, en fin d’après-midi, une messe est célébrée à la chapelle royale du château de Versailles. Aucune « chance » donc pour que sa célébration coïncide avec une date anniversaire de la mort d’un des membres de la dernière famille royale versaillaise : Louis XVI a été assassiné un 21 (janvier), Marie-Antoinette un 16 (octobre) et leur fils, le dauphin, « l’oublié » du Temple et de la mémoire, a été déclaré mort le 8 juin 1795 à l’âge de 10 ans dans la cellule de sa prison.

Samedi 8 juin 2024, le château de Versailles était en fête avec son grand Bal Masqué, son ambiance clubbing, ses animations extravagantes et ses 2 500 participants déguisés en petits marquis et en Marie-Antoinette, entretenant ainsi l’image d’une monarchie désinvolte. Il est probable qu’aucun des fêtards a eu une pensée pour le jeune Louis XVII, ce monde hédoniste ayant abandonné l’être pour l’avoir et le savoir pour le paraître.

Après la visite de l’exposition temporaire “Louis XVI, Marie-Antoinette & la Révolution, la famille royale aux Tuileries (1789-1792)” aux Archives Nationales le 14 octobre 2023 nous avions pèleriné vers le square du Temple, le lieu de leur “embastillement”. Nous nous étions arrêtés au portail d’entrée de ce qui est devenu un jardin public soulignant à cette occasion la raison d’être des Lys de France : une Société savante au service de la vérité historique contrairement à celle, partielle et édulcorée, diffusée sur la borne de la Ville de Paris : « la Tour du Temple est la dernière demeure (sic !) de Louis XVI et du dauphin Louis XVII. »

Aujourd’hui Molière pourrait réécrire sa célèbre phrase de Tartuffe en « Couvrez ces crimes que je ne saurais voir, nos âmes en seraient blessées ». En effet, alors que la violence faite aux femmes est une cause majeure, on a semble-t-il volontairement oublié d’y mentionner les femmes prisonnières, martyrisées par la Révolution française : Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, sa belle-sœur, toutes les deux guillotinées injustement, et Marie-Thérèse, la fille du roi et de la reine, la seule survivante de cet enfer. Dans son journal de jeune adolescente de 16 ans, Madame Royale avait dénoncé les dures conditions d’incarcération de son jeune frère : « on avait eu la cruauté de laisser mon malheureux petit frère tout seul, barbarie inouïe de laisser un malheureux enfant de 8 ans seul, enfermé dans sa chambre sous verrous et clefs, n’ayant aucun secours et qu’une mauvaise sonnette qu’il ne tirait jamais aimant mieux manquer de tout que de demander à ses persécuteurs. Il était dans un lit qui ne fut pas fait de 6 mois, mon frère n’ayant pas la force de le faire. Les punaises et les puces le couvraient, son linge et sa personne en étaient pleins. Ses ordures restèrent dans sa chambre, jamais il ne les jetait ni personne non plus, on ne pouvait pas tenir dans sa chambre par l’odeur infecte. La fenêtre n’était jamais ouverte, ce malheureux mourait de peur ; mais ne demandait jamais rien. Il passait sa journée sans rien faire, et cet état où il vécut fit beaucoup de mal à son moral et à son physique, ce n’est pas étonnant que sa santé se soit dans la suite dérangée…/…Il était toujours près du feu et on ne pouvait pas l’en tirer, il n’aimait pas marcher, sa maladie étant déjà bien commencée et ses genoux s’enflant toujours de plus en plus. Ses forces diminuaient, son esprit même s’en ressentait. Il se consumait comme un vieillard…/…La fièvre le prit et ses forces diminuant toujours il expira doucement, sans agonie. Il avait beaucoup d’esprit mais sa prison lui avait fait beaucoup de tort et même s’il eût vécu il y aurait eu à craindre qu’il ne devînt imbécile. Il avait toutes les bonnes qualités de son père. Il aurait été un grand homme car il avait du caractère, aimait bien sa patrie et les grandes choses à exécuter. »  

Pour avoir été séparé de sa famille, rappelée à Dieu par une mort violente sur l’échafaud, orphelin de leur amour, Louis XVII, malgré un suivi médical, serait donc mort de chagrin ! En Vendée, Charette rompit la pacification établie par le traité de La Jaunaye (17 février 1795). Il est dit qu’un accord secret avait prévu la libération de l’Enfant-Roi.

 

                                                           Nicolas Chotard,
                                                                    Président des Lys de France.

                                                           Trésorier de la Chouannerie du Maine

La Pentecôte

La Pentecôte de Jean-Baptiste Jouvenet, œuvre commandée par Louis XIV pour la voûte de la tribune de la Chapelle Royale de Versailles.

Le baptême de Clovis vers 496 sera l’acte fondateur de l’entrée de la France dans la civilisation chrétienne. Puis au Moyen-Âge, viendra le temps des baptiseurs de cathédrales avec leurs flèches qui font lever les yeux et monter les âmes vers les Cieux. La piété s’impose au royaume des lys. À Domrémy, une bergère entend les voix célestes de l’archange saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite. Avant d’entreprendre sa merveilleuse épopée et mission de conduire le “gentil dauphin” à Reims, la frêle mais courageuse jeune femme de 17 ans traverse sa Lorraine natale occupée pour aller se recueillir à Saint-Nicolas-de-Port devant la relique de saint Nicolas, il sera son saint protecteur.

 

La France est bel et bien « Fille ainée de l’Eglise », le Ciel veille sur sa destinée. Le 3 novembre 1637, la Sainte Vierge apparait au Frère Fiacre, augustin de Montmartre. Elle lui annonce qu’un  héritier au Trône de France naîtra à l’issue des trois neuvaines de prières qui devront être réalisées à Notre-Dame de Grâces de Cotignac, à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Victoires à Paris. La dernière se termine le 5 décembre 1637 : 9 mois plus tard, le 5 septembre 1638 au château de Saint-Germain-en-Laye Anne d’Autriche donne naissance à Louis Dieudonné. Le 20 février 1660, Louis XIV se rend en pèlerinage à Cotignac remercier la Sainte Vierge du don de sa naissance. La dernière œuvre du “Roi Très chrétien” sera la construction de la Chapelle Royale, chef d’oeuvre de beauté.

 

Cette fabuleuse chrétienté vivante millénaire sera interrompue au XVIIIe siècle, détrônée par les idées nouvelles, matrice de la nouvelle société dépourvue de Dieu. En 1777, Joseph II se rend à Versailles, jadis l’empereur du Saint-Empire Romain germanique se serait arrêté à Senlis à la collégiale royale Saint-Frambourg (Saint-Fraimbault) édifice fondé vers 500 par Hugues Capet et se serait agenouillé devant les saintes reliques de la Passion, mais l’adepte des Lumières, préférera aller au village voisin d’Ermenonville y rencontrer, non pas son Seigneur, mais son idole Jean-Jacques Rousseau. Le parc du philosophe devient un lieu de “pèlerinage”, on peut y croiser Mirabeau, Robespierre et en 1780, Marie-Antoinette y trouve l’inspiration de son Hameau de la Reine.

 

Depuis la Guerre d’indépendance américaine en 1776, le monde est entré dans une ère nouvelle, le roi semble l’ignorer ou le sous estimer en convoquant les Etats Généraux faisant alors entrer “les loups dans la bergerie”. Le 4 mai 1789, l’assemblée s’ouvre par une procession puis une messe du Saint-Esprit, mais l’Esprit-Saint est impuissant quand le ver est dans le fruit avec des députés acquis aux idées nouvelles. Certes son vicaire bénira l’assistance mais probablement sans la bénédiction du Très-Haut qui verra sa Maison fermée au culte, la suppression du calendrier chrétien et la persécution des religieux suivant la maxime de Voltaire « d’écraser l’infâme ».      

Notre civilisation chrétienne, trésor d’humanité, est bien fragile et ne peut pas aller à l’encontre d’une société contestant l’ordre social chrétien depuis plus de deux siècles.    

Bonne fête de Pentecôte      

Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

L’ordre de Saint-Michel est un ordre de chevalerie fondé en 1469 par Louis XI, son siège était au Mont-Saint-Michel. Sa fête est le 29 septembre, jour des anges, saint patron du royaume de France, aboli à la Révolution française il devient un ordre dynastique de la branche aînée des Bourbons. Depuis 1929, il n’y eu que 10 récipiendaires.

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial