Le 8 mai 2025, une fumée blanche s’est échappée d’une cheminée du Vatican, dès lors les 1,4 milliard de catholiques ont pu dire « Habemus papam« . Après un mois de pontificat Léon XIV n’a pas oublié ses origines françaises en envoyant une lettre inattendue aux évêques de France à l’occasion du centenaire de la canonisation de trois figures de sainteté : saint Jean Eudes (XVIIe s), saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars (XVIIIe s) et sainte Thérèse de Lisieux, patronne secondaire de la France (XIXe s). En la Solennité de la Pentecôte, pourtant très sollicité, il a pris de son précieux temps pour confirmer cet appel à la conversion dans un élan missionnaire en rédigeant un message destiné à seulement quelques Sœurs qui inauguraient un nouveau sanctuaire autour d’une poignée de participants dans la petite ville de Baugé-en-Anjou : « Le Saint-Père Léon XIV vous salue fraternellement et transmet aux Sœurs gardiennes de cette relique insigne son union de prières en ce jour et vous confirme dans votre vocation. » Cette relique insigne n’est autre que la Vraie Croix du Christ Sauveur.
Après la messe célébrée par Mgr Emmanuel Delmas, évêque d’Angers, on a pu entendre les discours des autorités publiques et ecclésiastiques. Le représentant du ministère de la Culture (la DRAC) a justifié l’important investissement de l’État car ce trésor national, classé monument historique, n’était pas, jusqu’à présent, en sécurité optimale. Effectivement, il y a une vingtaine d’années, avec un groupe de jeunes, une Soeur nous avait présenté la Vraie Croix sortie de son écrin, un simple coffre vitré dans la sacristie. Quelques temps auparavant le Prince Alphonse, duc d’Anjou, avait lui aussi fait ce pèlerinage spirituel avant que son fils, en 2006, ne découvre ce trésor placé sous la protection, au XIVème siècle, de Louis Ier d’Anjou qui l’avait fait décorer de pierres précieuses et d’or.
Dans son allocution, Mgr Emmanuel Delmas a rappelé l’importance des racines chrétiennes de la France : « Cet événement nous invite à mesurer l’importance des édifices religieux, des objets d’art sacré qui font partie du patrimoine de notre pays, de notre commune. Imaginez la France sans Notre-Dame de Paris, sans le Mont-Saint-Michel, sans la cathédrale de Chartres et imaginez Baugé sans le sanctuaire de la Vraie Croix, c’est impossible. La France ne serait plus la France sans son patrimoine religieux. »
Sœur Claire Monique, la Mère supérieure générale de la Congrégation des Filles du Cœur de Marie a conté l’histoire de la Vraie Croix : « En 1790, la Croix est mise en vente à l’église de Baugé, mais Anne de la Girouardière s’empresse d’acheter ce trésor. Comment ne pas voir dans cette arrivée improbable de la Croix du Christ un sceau du Ciel. » puis la genèse du sanctuaire provoquée par une simple lettre : « Aujourd’hui l’exaltation de la Croix doit être manifestée avec plus de vigueur » écrivait le Père Dominique Catta, père abbé de l’abbaye de Keur Moussa au Sénégal, fondée en 1961 à la demande de Mgr Marcel Lefebvre, archevêque de Dakar, et rattachée à la Congrégation de Solesmes. La Mère supérieure s’est vue missionnée : « C’était clair, il fallait faire vivre le testament laissé par notre fondatrice Mère Anne de la Girouardière : “La Croix et les pauvres sont les deux trésors qu’en mourant, je lègue à mes filles.“ avant de conclure « La Croix est source d’espérance dans un monde qui en a plus que jamais besoin. »
Pour cette cérémonie publique, le maire de Baugé-en-Anjou, Philippe Chalopin, a revêtu l’écharpe tricolore protocolaire avec glands à franges d’or pour faire son discours d’Honnête homme : « Une Croix qui a su traverser les siècles, résister aux tempêtes de l’Histoire et réunir les peuples dans l’espoir, cette relique exceptionnelle, la plus grande de France après celle de Notre-Dame de Paris, nous relie aux origines même de notre civilisation chrétienne. Rapportée de Terre Sainte par les Croisés elle a échappé à la destruction durant la Révolution. Rachetée en 1790 par Anne de la Girouardière, elle fut escortée à l’occasion d’une grande procession par la Garde Républicaine. De par l’union de René d’Anjou et d’Isabelle de Lorraine elle est devenue la Croix de Lorraine, emblème à jamais partagé dans notre mémoire nationale. Il a terminé en rappelant cette anecdote significative, « à la question d’une personne qui s’inquiétait de voir toute cette énergie mise en œuvre pour la réalisation de ce projet, la Mère Générale a répondu : « Nous ne gérons pas le déclin, nous gérons la résurrection »
La prière est une force spirituelle qui peut apporter une réponse à une demande. Les Sœurs ont probablement prié le Ciel pour que de généreux donateurs se manifestent. Préparant le Bal des Lys et cherchant une oeuvre à soutenir, je me suis subitement souvenu de la Vraie Croix d’Anjou, que devenait-elle ? Je m’en suis enquis découvrant alors cet appel aux dons pour le sanctuaire. Ai-je été guidé par le Saint-Esprit ? Dieu seul le sait.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France |