« Le chrétien ne peut vivre avec l’esprit du monde. La mondanité qui nous conduit à la vanité, à l’arrogance, à l’orgueil [est] une idole, ce n’est pas Dieu. » (Discours à Assise, 4 octobre 2013).
« Une culture qui ne connaît pas la fidélité, parce qu’elle change selon les circonstances, [qui] négocie tout [:] voilà ce qu’est la culture mondaine » (Homélie, 16 mai 2020).
Dans son amour, le Seigneur a rappelé son Vicaire. Si « Tous les chemins mènent à Rome », tous les Chemins ne mènent pas au Paradis, aussi, comme pour tous les défunts nous sommes invités à prier pour le repos de son âme.
Son pèlerinage sur Terre s’est achevé, son heure a sonné au lendemain de Pâques, de la Résurrection. Ses funérailles seront célébrées la veille du dimanche de la divine Miséricorde et de la Quasimodo, jour de l’achèvement de l’octave de Pâques, qui pour beaucoup est aussi ce personnage du roman de Victor Hugo « Notre-Dame de Paris », ce haut lieu de la Chrétienté qui lors de sa réouverture au culte, a rassemblé toute la planète, toute ! Non, un irréductible pape résista à l’invitation.
De même à sa mort on ne brisa pas l’anneau du pêcheur, jamais personne fit une génuflexion avant de l’embrasser car François ne le portait pas par mesure d’hygiène s’était-il justifié pour éviter la contagion quand il y avait de longues files de fidèles. Regalia et sceau pontifical utilisé initialement pour sceller les encycliques, l’anneau du pêcheur brisé signifiait que l’Église était devenue veuve de celui qui était son époux dans le ministère de Vicaire du Christ.
Les soubresauts de l’Histoire ont affecté les liens entre la France et la papauté avec une blessure profonde à la Révolution française lorsqu’on a voulu créer un « homme nouveau » déchristianisé. Au pays des Droits de l’Homme, ceux qui avaient répondu à l’appel de Dieu d’aller « porter la bonne parole » connurent le Golgotha et montèrent à l’échafaud. Rome n’a jamais oublié les martyrs de la Vérité. Saint Pie X béatifia les Carmélites de Compiègne (1906), Benoît XV les Ursulines martyres de Valenciennes (1920), Pie XI les Martyres d’Orange (1925), 191 martyrs de Septembre (1926), l’abbé Noël Pinot (1926) et l’abbé Pierre-René Rogue (1934), Pie XII les martyrs de Laval (1955), saint Jean-Paul II 99 martyrs d’Angers (1984) et 64 religieux des Pontons de Rochefort (île Madame) (1995), Benoît XVI l’abbé Pierre-Adrien Toulorge (2011). Le pape François est resté fidèle à ce devoir de mémoire en canonisant le 16 octobre 2016, suite de la reconnaissance d’un miracle survenu au Venezuela, le frère Salomon Leclercq, martyr de Septembre. Plus récemment, le 18 décembre 2024 le Vicaire du Christ a inscrit au martyrologe romain les Carmélites de Compiègne, elles sont devenues saintes par canonisation équipollente c’est-à-dire qu’aucun miracle n’a été nécessaire. Comme le précisa Vatican News, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort qui avait présenté au Pape en 2021 la demande d’une poursuite de leur processus de canonisation au nom des évêques des France, a déclaré à Radio Vatican : « Les carmélites de Compiègne sont de belles figures de la liberté chrétienne à vivre jusqu’au bout dans différentes circonstances historiques. Pour ma part, j’espère que cette canonisation contribuera un peu à un apaisement de notre mémoire française qui doit assumer des violences qui ont été dans notre histoire et qui font parties de celle-ci, mais à travers lesquelles des témoignages de foi, d’espérance et de charité ont été données, qui font aussi parties de la beauté de l’histoire française ».
Voûte de la Chapelle Royale du Château de Versailles
« La Résurrection du Christ » Charles de La Fosse (1708-1710)
Actuellement, la Manufacture des Gobelins présente une magnifique exposition sur le dernier sacre. On ne peut être qu’émerveillé par tant de beauté et d’avoir une pensée pour le prince Lev Nikoliaevitch Mychkine, personnage d’un roman de Dostoïevski, qui affirmait que « La beauté sauvera le monde »
Le sacre puisait sa beauté dans le christianisme. Pour beaucoup la beauté se résume à l’apparence extérieure, mais comme l’a si bien dit Mgr Michel Aupetit au lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris : « Nous avons perdu la beauté de l’écrin, mais nous n’avons pas perdu le bijou qu’elle contenait : le Christ présent dans sa Parole et dans son Corps livré pour nous. Construire l’Eglise de Paris, c’est d’abord faire grandir les fidèles dans la joie d’annoncer l’Evangile. C’est le vrai défi, là où nous avons besoin de la grâce de Dieu. Le reste, ce sont des pierres, fruits du génie humain, mais elles n’ont de sens que parce qu’elles portent l’homme à la prière. Si j’avais une cathédrale et pas de fidèles, je n’aurais plus de raison d’être évêque ! »
Jusqu’en septembre 2025, ce « bijou » est présent à l’abbaye du Port-du-Salut à Entrammes en Mayenne, témoin vivant de l’héritage spirituel de la Restauration (1814-1830).
Chassés à la Révolution française, exilés en Allemagne, les moines attendirent la chute de l’Empereur pour revenir en France. L’homme du Concordat (1801) n’inspirait pas confiance, c’était celui du kidnapping du pape (1809), les moines préférant aussi le 15 août prier la Sainte Vierge, patronne de France depuis le voeu de Louis XIII que « Saint Napoléon » selon le décret du « fils de la Révolution ».
Le 20 août 1814, le futur supérieur Dom Bernard de Girmont rencontrait Louis XVIII qui plaçait le premier couvent cistercien créé après la Révolution sous sa protection. À partir de 1822, le baron Marie-Joseph de Géramb, ancien chambellan de l’empereur d’Autriche retiré à l’abbaye, dirigeait la rénovation et l’agrandissement de l’abbatiale. Charles X y apportait son obole de 2 400 francs (environ 5 300 € selon la valeur des choses dans le temps).
Joyeuse et sainte fête de Pâques
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
Dernière Semaine sainte à l’abbaye Notre-Dame du Port-du-Salut (1233 – septembre 2025), elle disparaîtra dans l’indifférence générale. L’acteur franco-britannique Michael Lonsdale (1931-2020) appréciait y faire des retraites.
Le 5 mai 1777, Richard Mique présente à Marie-Antoinette, 21 ans, le projet d’aménagement des jardins de Trianon qui aboutira à la création du Hameau de la Reine dans le goût de l’époque avec les charmes de la vie champêtre.
Le 24 mai 1777, Joseph II, son frère, se rend à Ermenonville pour découvrir le premier « jardin paysager » d’Europe créé entre 1766 et 1775 par l’ami de Marat, le marquis de Girardin. Il s’est inspiré de la « Nouvelle Héloïse », le roman de Jean-Jacques Rousseau avec des « paysages philosophiques » destinées à faire réfléchir le promeneur.
Dans « Les Visiteurs » le comte Godefroy de Montmirail restitue l’esprit de la noblesse médiévale. Il capte la sympathie du spectateur quand le ridicule va à son fidèle écuyer resté une fripouille à l’époque contemporaine tandis que la descendante du preux chevalier, sans signe extérieur de richesse, conserve ses vertus nobiliaires. Dans le film on nous présente une belle demeure comme étant le château de Montmirail, il n’en est rien, il s’agit en réalité du château d’Ermenonville, dernier lieu de villégiature de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, sans le savoir, le descendant cinématographique de « La Fripouille » marche dans les pas du philosophe.
Le marquis de Girardin avait convié son ami à s’installer au village. Homme des Lumières, adepte du « retour à la nature » il aménagea près de son château un parc en rupture avec la conception classique du jardin à la français. Selon cet esprit éclairé : «Le fameux Le Nôtre, qui fleurissoit au dernier siècle, acheva de massacrer la Nature en assujettissant tout au compas de l’Architecte; il ne fallut pas d’autre esprit que celui de tirer des lignes, & d’étendre le long d’une règle, celle des croisées du bâtiment; aussitôt la plantation suivit le cordeau de la froide symétrie (…), les arbres furent mutilés de toute manière (…), la vue fut emprisonnée par de tristes massifs (…), aussitôt la porte la plus voisine pour sortir de ce triste lieu, fut-elle bientôt le chemin le plus fréquenté»
Sept ans après leurs mariages, Louis XVI et Marie-Antoinette n’ayant toujours pas d’enfant, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche envoya Joseph II afin de régler les problèmes conjugaux de sa sœur. Lors de son séjour en France, l’empereur du Saint-Empire rendit visite à l’homme des Lumières délaissant, semble-t-il, les reliques de la Passion du Christ, La Lumière, situées à la chapelle royale Saint-Frambourg de Senlis, à seulement 3 lieues d’Ermenonville.
L’année suivante, le philosophe remit son âme à Dieu. Le 14 avril 1794, la Convention nationale prit un décret ordonnant le transfert de ses cendres dans l’ancienne église Sainte Geneviève transformée en Panthéon en face de Voltaire, celui qui signait ses lettres par « Écrasons l’Infâme » (comprendre le catholicisme). On imposa donc un nouveau culte en remplacement de la religion civilisatrice du baptême de Clovis désormais martyrisée. C’est ainsi que devant une foule plongée dans un silence de cathédrale, les Carmélites de Compiègne, canonisées par le pape François en 2024, montèrent à l’échafaud en chantant le « Laudate Dominum » (« Louez Dieu« ). Peut-être « s’offrirent-elles en holocauste » pour sauver le catholicisme en France. Cette même année, la belle innocente Joséphine de Beauharnais écrivit sur un mur de sa prison des Carmes « Liberté, quand cesseras-tu d’être un vain mot ? Voilà dix-sept jours que nous sommes enfermées. On nous dit que nous sortirons demain, mais n’est-ce pas là un vain espoir ? »
Si à l’origine la Révolution française ne remit pas en cause la monarchie elle prospéra, par contre, sur sa proclamation d’un « Homme nouveau » déclaré « libre » … par rapport à Dieu.
d’après estampe de Langlumé (Musée Carnavalet) Parmi les 191 martyrs, Saint Salomon Leclercq, frère des écoles chrétiennes a été canonisé par le pape François en 2016 après la reconnaissance de la guérison miraculeuse en 2007 au Vénézuéla d’une fillette de 5 ans piquée par un serpent venimeux.
En 1992, l’Association du Souvenir des Martyrs avec les soutiens du Cardinal Lustiger, archevêque de Paris et de Jacques Chirac, maire de Paris, ont organisé une exposition sur « 1792, les Massacres de Septembre ». Jean Guitton de l’Académie française écrit : « Ce que le Colisée est à Rome, la chapelle des Carmes l’est à la France : le lieu où ont souffert ces « témoins de sang » appelés martyrs. Certes, la chapelle des Carmes a d’autres titres : sa coupole, la dévotion à Saint-Joseph, la chaire où prêcha Lacordaire…Tout s’efface devant les Martyrs de Septembre. »
Dans la France rurale de 1789, les cahiers de Doléances ne remettent pas en cause le catholicisme, au contraire, l’église est au centre du village et rythme la vie et l’ordre social. Mais lorsque le roi convoque les Etats Généraux, tous les députés sauf un ou deux sont des notables imprégnés de l’idéologie des Lumières. La christianophobie sera au coeur du combat révolutionnaire :
– le 20 août 1789, l’Assemblée Nationale devenue l’Assemblée Constituante (9 juillet) nomme un « Comité ecclésiastique » pour l’étude des propositions concernant la religion ;
– le 28 octobre 1789, « l’émission des vœux dans tous les monastères est suspendue. » ;
– le 2 novembre 1789, un décret met les biens du clergé à la disposition de la Nation ;
– le 12 juillet 1790, vote de la loi portant réorganisation de l’Eglise dite « Constitution Civile du Clergé ». Le 28 juillet 1790, Louis XVI écrit au Pape pour lui faire part de ses difficultés en présence de cette loi. Le 24 août 1790, en l’absence de réponse du Pape, Louis XVI promulgue la loi sous la pression de 2 évêques ministres. Le 25 décembre 1792, il en fera repentance dans son testament : « je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) a des actes qui peuvent être contraires a la discipline et a la croyance de l’Eglise Catholique a laquelle je suistoujours reste sincèrement uni de cœur »
– mars 1791, Louis XVI remplace l’abbé Poupard, son confesseur, assermenté, par le père Hébert, qui sera parmi les martyrs des Carmes.
– 7 avril 1791, à Paris, plusieurs chapelles sont envahies par des émeutiers ; prêtres et fidèles sont insultés et molestés.
– 17 avril 1791, La Société des Amis des droits de l’homme et du citoyen connue sous le nom du Club des cordeliers dont l’objet est de« dénoncer au tribunal de l’opinion publique les abus des différents pouvoirs et toute atteinte aux droits de l’homme » publie un pamphlet sur Louis XVI accusé d’avoir communié des mains d’un prêtre réfractaire se montrant par là « réfractaire aux lois du Royaume »
– 29 novembre 1791, loi prévoyant que les prêtres réfractaires seront inscrits sur la liste des suspects. Le 19 décembre 1791, Louis XVI fait connaître son intention d’user de son droit de véto.
– 20 avril 1792, l’Autriche déclare la guerre à la France
– 28 avril 1792, Interdiction du costume religieux et suppression de toutes les congrégations.
– 27 mai 1792, Décret permettant la déportation des prêtres réfractaires. Le 6 juin, Louis XVI, usant de son droit de véto, refuse de signer le décret. Le 20 juin, les Tuileries sont envahies par les émeutiers aux cris de « A bas le véto ! Mort aux prêtres ! » Le roi refuse de faire « le sacrifice de son devoir »
– 10 août 1792, prise des Tuileries, le Roi et sa famille sont emprisonnés au Temple.
– 11 août 1792, début des « rafles » de prêtres jusqu’au 2 septembre.
Le 1er octobre 1926, en la fête de saint Rémy, évêque de Reims, Pie XI signe le décret de la béatification des victimes de septembre 1792, l’Eglise ne se limite pas à reconnaître que les religieux ont été mis à mort « en haine de la foi », la Révolution française est clouée au pilori : « On ne pourra jamais assez déplorer ce noir et misérable fléau qui, à la fin du XVIIIe siècle, caché sous le nom mensongeur de philosophie, avait perverti les esprits et corrompu les mœurs, et rempli avant tout la France de meurtres et de ruines. L’âme est émue d’horreur au souvenir desinexprimables spectacles de cruauté et de barbarie qu’exhibèrent, pendant la révolution française, des hommes impies et scélérats, à peine dignes de ce nom d’hommes : les temples sacrés dépeuplés, les signes sacrés de la religion catholique violés, des évêques, des prêtres, de pieux laïques immolés arbitrairement, pour avoir refusé de prononcer une formule de serment décrétée par la puissance laïque et ouvertement opposée aux droits de l’Eglise, à la liberté de la conscience, ou pour s’être montrés moins bienveillants envers ces nouvelles institutions politiques. »
Le 3 septembre 1792, Marat signe la circulaire appelant à la généralisation des massacres « La commune de Paris se hâte d’informer ses frères de tous les départements qu’une partie des conspirateurs féroces détenus dans les prisons a été mise à mort par le peuple ; actes de justice qui lui ont paru indispensables, pour retenir par la terreur les légions de traîtres cachés dans ses murs, au moment où il allait marcher à l’ennemi ; et sans doute la nation entière, après la longue suite de trahisons qui l’ont conduite sur les bords de l’abîme, s’empressera d’adopter ce moyen si nécessaire de salut public, et tous les Français s’écrieront comme les Parisiens : « Nous marchons à l’ennemi ; « mais nous ne laisserons pas derrière nous ces brigands, pour « égorger nos enfants et nos femmes. » C’est ainsi qu’on massacra aussi dans la prison de Meaux.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
L’objet de l’association pour Le Souvenir des Bienheureux martyrs de Septembre 1792 est en particulier de « Garder vivant le souvenir des martyrs » et de « Prier les martyrs pour qu’ils intercèdent pour les vocations religieuses et sacerdotales dont l’Eglise a besoin, ainsi que pour les chrétiens persécutés dans le monde actuel… « . En cela, elle est apolitique et à caractère religieux et s’inscrit dans un souci de réconciliation et dans la continuité du pardon que les martyrs ont eut vis-à-vis de leurs bourreaux.
Louis XIV en prière dans l’ancienne chapelle du château de Versailles, résidence royale depuis 1682. 20 ans plus tôt, il conviait Bossuet à prêcher le Carême dans la chapelle du Louvre.
En 1643, le Grand Siècle porte sur le trône de France un enfant de 4 ans et demi. En 1654, après la Régence d’Anne d’Autriche, sa mère, Louis XIV est sacré à Reims. Pour que le « Lieutenant du Dieu sur Terre » (1) puisse régner en roi très chrétien le Seigneur a mis sur sa route Bossuet, un éminent dignitaire de l’autel depuis le 16 mars 1652, jour où il a reçu le sacrement de l’Ordre, la lumière divine.
Pour Bossuet le roi est « l’image de Dieu », le professeur Jean-Louis Harouel précise « la « puissance sacrée » des rois était un pouvoir miraculeux directement institué par Dieu. » En 1662 il est appelé à prêcher le Carême à la cour. La troisième semaine, le disciple de saint Vincent de Paul prononce devant le roi le « sermon sur la Charité fraternelle » :
« …/…Entendez distinctement tout ce que vous faites, et connaissez tous les ressorts de la grande machine que vous conduisez : Ut intelligas universa quae facis (Pour que vous comprenez tout ce que vous faites), Salomon suivant ce conseil, à l’âge environ de 22 ans (Louis XIV avait 23 ans), fit voir à la Judée un roi consommé (2) ; et la France, qui sera bientôt un Etat heureux par les soins de son monarque, jouit maintenant d’un pareil spectacle.
Ô Dieu, bénissez ce roi que vous nous avez donné ! Que vous demanderons-nous pour ce grand monarque ? Quoi ? Toutes les prospérités ? Oui, Seigneur ; mais bien plus encore, toutes les vertus, et royales et chrétiennes. Non, nous ne pouvons consentir qu’aucune lui manque, aucune, aucune. Elles sont toutes nécessaires, quoi que le monde puisse dire, parce que vous les avez toutes commandées. Nous le voulons voir tout parfait, nous le voulons admirer en tout : c’est sa gloire, c’est sa grandeur qu’il soit obligé d’être notre exemple ; et nous estimerions un malheur public, si jamais il nous paraissait quelque ombre dans une vie qui doit être toute lumineuse. Oui, Sire, la piété, la justice, l’innocence de Votre Majesté, font la meilleure partie de la félicité publique. Conservez-nous ce bonheur, seul capable de nous consoler parmi tous les fléaux que Dieu nous envoie, et vivez en roi chrétien. Il y a un Dieu dans le Ciel, qui venge les péchés des rois. C’est lui qui veut que je parle ainsi ; et ; si Votre Majesté l’écoute, il lui dira dans le cœur ce que les hommes ne peuvent pas dire. Marchez, ô grand roi, constamment sans vous détourner, par toutes les voies qu’il vous inspire ; et n’arrêtez pas le cours de vos grandes destinées, qui n’auront jamais rien de grand, si elles ne se terminent à l’éternité bienheureuse. » Si Bossuet ne craint pas d’admonester le Roi et de faire état de sa vie privée, qui était en fait publique, car comme il le dira « Pour prêcher la vérité, il faut un cœur de roi, une grandeur d’âme royale…si cette noble fonction ne demande pas qu’on soit roi par l’autorité du commandement, du moins exige-t-elle qu’on soit roi par indépendance (3) » le futur « Aigle de Meaux » redoute la justice divine. Bossuet pense que les actes immoraux du roi pourraient mettre en colère le Très-Haut qui la ferait retomber sur son peuple.
Constance Cagnat-Deboeuf, maître de conférences, souligne « Le Carême du Louvre » fut la première occasion pour Bossuet de réfléchir sur « la manière d’instruire les rois. » Il lui fallait trouver un langage qui, sans « aigrir » l’esprit du monarque, lui enseignât ses devoirs.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
(1) : Lieutenant signifie qu’il « tenait en ce lieu » la puissance divine
(2) : qui a atteint un haut degré de perfection
(3) : qui n’est pas soumis à un autre, qui est libre de toute autorité souveraine
Anne d’Autriche et ses deux enfants : Louis XIV et Philippe, duc d’Orléans.
Nous venons d’entrer dans le temps béni du Carême. De nos jours ce n’est plus un événement public, le mercredi des Cendres n’a pas fait, non plus, la UNE des journaux. Sous l’ancienne France, à une autre époque, il en était tout autrement. La dévotion royale avait figure de devoir d’état, le roi se devait d’être dévot et d’œuvrer chrétiennement pour gagner son salut dans l’autre monde. La crainte d’offenser Notre Seigneur constituait alors un redoutable contre-pouvoir spirituel.
Comme l’a souligné le professeur Jean Barbey : « Depuis les origines de la monarchie et le baptême de Clovis, les rois des Francs – puis rois de France – ont un caractère religieux qui explique tout le passé chrétien du royaume. À partir de Pépin Le Bref, le roi est en principe le défenseur attitré du pape et de l’Église. Il est, dit-on, « le roi le plus chrétien », « un prince très dévot ». Être un monarque catholique, c’est d’abord pour le roi une manifestation de piété personnelle. Mais la vie publique traduit constamment cette situation ; à commencer par le sacre qui relie spirituellement et juridiquement le monarque à Dieu : l’onction lui confère un statut hors du commun, mi-spirituel, mi-laïc. Par la vertu de cette onction, il reçoit des « privilèges de clergie » : accès au chœur des églises, titres de chanoine, droit de communier sous les deux espèces…Mais la vie publique du roi, en dehors du sacre, est constamment mêlée de liturgie, dont, chaque fois, le point culminant est la messe. »
« Et à vous dire la vérité, mon fils, nous ne manquons pas seulement de reconnaissance et de justice, mais de prudence et de bon sens, quand nous manquons de vénération pour Celui dont nous ne sommes que les lieutenants. Notre soumission pour Lui est la règle et l’exemple de celle qui nous est due. Les armées, les conseils, toute l’industrie humaine seraient de faibles moyens pour nous maintenir sur le trône, si chacun y croyait avoir même droit que nous, et ne révérait pas une puissance supérieure, dont la nôtre est une partie. Les respects publics que nous rendons à cette puissance invisible pourraient enfin être nommés justement la première et la plus importante partie de notre politique, s’ils ne devaient avoir un motif plus noble et plus désintéressé. Gardez-vous bien, mon fils, je vous en conjure, de n’avoir dans la religion que cette vue d’intérêt, très mauvaise quand elle est seule, mais qui d’ailleurs ne vous réussirait pas, parce que l’artifice se dément toujours, et ne produit pas longtemps les mêmes effets que la vérité. Tous ce que nous avons d’avantages sur les autres hommes dans la place que nous tenons sont sans doute autant de nouveaux titres de sujétion pour Celui qui nous les a donnés. Mais à son égard l’extérieur sans l’intérieur n’est rien du tout, et sert plutôt à L’offenser qu’à Lui plaire. » Ainsi parlait Louis XIV dans les Mémoires pour l’instruction du dauphin, né le 1er novembre 1661.
Après la mort de Mazarin, le 9 mars 1661, Anne d’Autriche demeure à la Cour « pour y maintenir la vertu et la piété et pour entretenir l’union de la famille royale. » L’abbé Bossuet prêche le Carême au couvent des Carmélites, la reine-mère y vient l’entendre sur le thème du panégyrique de saint Joseph. La fondatrice de l’abbaye du Val-de-Grâce le connaissait déjà pour avoir assisté à l’un de ses prêches lorsqu’il était archidiacre de Metz. Séduite par son éloquence, Anne d’Autriche intervient auprès de son fils pour que Bossuet soit invité à prêcher le Carême à la cour l’année suivante. Louis XIV, en fils aimant, exauce son vœu. Comme le dira Madame de Motteville : « Il lui rendait ce qu’il lui devait en qualité de fils bien-aimé, et témoignait avoir beaucoup de considération pour elle. Non seulement il l’aimait, mais il lui disait des choses qui faisaient voir aussi qu’il l’estimait. »
Le 2 février 1662, en la fête de la Purification de la Sainte Vierge, Bossuet monte en chaire dans la chapelle royale du Louvre. Il fait son premier sermon et se tournant vers le roi, le termine en lui disant : « Sire, votre Majesté rendra compte à Dieu de toutes les prospérités de son règne, si vous êtes aussi fidèle à faire ses volontés comme il est soigneux d’accomplir les vôtres. »
Coucher de soleil sur l’Ecole Militaire, le samedi 11 janvier 2025, il brillera sur le Bal du Nouvel An – Bal de la Saint-Nicolas.
Le 15 avril 2019 nous étions nombreux à l’inauguration de la réouverture des Grands Appartements de la Reine, et après restauration, celle de la chambre de Marie-Antoinette du château de Versailles, ce coup d’éclat permanent dans toute sa splendeur retrouvée réjouissait les visiteurs d’un soir jusqu’au moment où apprenant l’incendie de Notre-Dame, les yeux se sont rivés sur les portables pour voir le sinistre se propager. Ainsi, pendant que le Trône brillait de mille feux, l’Autel brûlait d’un feu d’enfer, l’Eglise vivait sa Passion en ce lundi saint.
Grâce au génie français, à nos artisans d’excellence, à une volonté politique et à un soutien populaire et universel, qui est aussi la signification du terme « catholique » (« destiné au monde entier »), Notre-Dame de Paris a pu renaître de ses cendres et redevenir un lieu de culte. La cathédrale s’est enrichie de 3 nouvelles cloches de consécration, les deux petites portent les noms de « Chiara » (en hommage à la Bienheureuse Chiara Badano (1971-1990) et de « Carlo » (en hommage au Bienheureux Carlo Acutis (1991-2006), la troisième est celle des Jeux Olympiques, comme le souligna Monseigneur Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris : « Les cloches sonnaient lors de la victoire des athlètes. Aujourd’hui, la deuxième vie de cette cloche, c’est pour célébrer la victoire de la Lumière sur les ténèbres. Ces cloches sonneront au moment le plus important de la messe qu’on appelle la consécration, elles célébreront vraiment cette victoire de l’Amour, comme l’ont aussi montré les Jeux olympiques.«
Les Jeux Olympiques ont été l’occasion de mettre en valeur notre patrimoine culturel en particulier avec l’équitation dans les Jardins d’André Le Nôtre au Château de Versailles, le marathon avec son arrivée à l’ombre de la croix du dôme des Invalides ou le cyclisme avec ses coureurs s’élevant vers la basilique du Sacré-Cœur et de fêter les exploits sportifs notamment les 5 médailles du « Roi Léon ». Malheureusement, il y eut aussi un côté obscur avec la cérémonie d’ouverture. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques on a mis en lumière l’obscurantisme, la période de la Terreur illustrée par une Marie-Antoinette décapitée interprétant une chanson révolutionnaire porteuse de haine et de violence.
Le 25 décembre 1792, à la Tour du Temple, Louis XVI rédigeait son Testament «… Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardent, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes : que celles-là jouissent dans leur cœur, de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser !…. Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. » La qualité de sa rédaction illustre les capacités intellectuelles du roi, qui pourtant, le 25 décembre 2024 ont été contestées, une nouvelle fois, par la sortie du film « Le déluge ». Si le mérite du film est de présenter la famille royale prisonnière dans les cachots de la Tour du Temple, qu’on a représenté en palais somptueux et confortable, on entretient toujours le mythe d’un roi benêt et on invente de nouvelles affabulations comme celles d’une famille royale qui se prenait pour des dieux, d’une Madame Elisabeth revêche ou d’une Marie-Antoinette qui se donna à son geôlier.
Lors de notre dernière manifestation, le 5 novembre 2024, au Cercle de l’Union Interalliée, Emmanuel de Waresquiel a donné une conférence sur le thème « La Révolution et ses imaginaires« , ce film en est une illustration. Aussi, face aux mensonges et au crépuscule de l’intelligence, notre association, société savante, trouve toute sa légitimité dans son œuvre culturelle de défense de la vérité historique.
À l’aube de la nouvelle année, je vous adresse mes meilleurs vœux.
Lors de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le grand public et les fidèles ont pu redécouvrir dans les chapelles latérales les 13 Mays magnifiquement restaurés, ces grands tableaux offerts par la confrérie Sainte-Anne-Saint-Marcel des orfèvres parisiens à la Sainte Vierge en May (Mai) entre 1630 et 1707.
Depuis le Moyen Âge, Mai est le mois de Marie. Au XIIIe siècle, Alphonse X, roi de Castille et compositeur des Cantigas Santa Maria, va jusqu’à associer dans un de ses poèmes la beauté de la Sainte Vierge à celle du mois de mai.
Stéphane Loire, conservateur général au département des Peintres du Musée du Louvre précise : « de 1482 à 1604, le May était un tabernacle sculpté qui était installé le 1er mai devant le portail central de la façade occidentale de Notre-Dame, avant d’être suspendu devant l’image de la Vierge du jubé pendant un mois. De 1605 jusqu’en 1629, le May prend la forme d’un tableau au format modeste.
Si la prospérité de la confrérie Sainte-Anne-Saint-Marcel des orfèvres parisiens était attestée depuis longtemps, le passage aux grands Mays semble coïncider avec la venue en son sein des orfèvres du roi et leur accession au titre de gouverneurs. En 1630, le chapitre de Notre-Dame autorise la confrérie « à offrir à la glorieuse Vierge tous les ans le premier jour de May un tableau peint de 11 pieds de haut (3,59 m) pour embellir les grandes colonnes de la nef de l’Eglise, esquels tableaux tous les actes des Apôtres seront dépeints. » Le passage à des œuvres de plus grand format accrochées aux murs a été inspiré par 2 chantiers parisiens contemporains, celui de l’église des Carmélites de la rue Saint-Jacques exécuté vers 1628 par Philippe de Champaigne, et celui du couvent des Feuillants de la rue Saint-Honoré. Ces 3 ensembles avaient d’ailleurs pour point commun d’être sous la protection de reines de France, Marie de Médicis pour les 2 plus anciens, et Anne d’Autriche, bâtonnière de la confrérie Sainte-Anne-Saint-Marcel à Notre-Dame depuis 1620. Le grand tableau est désormais accompagné par une autre peinture transcrivant le sonnet et le Vœu à la Vierge pour le roi. »
Le dernier May est peint en 1707, la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) plonge la France dans une crise financière et met un terme à cette forme de mécénat. Les chanoines de la cathédrale en informent Louis XIV. À la demande d’explications du roi les orfèvres répondent qu’ils n’ont « discontinué de présenter le grand tableau que parce qu’ils n’ont pas été en état de faire cette dépense par le malheur des temps et par la cessation du travail de leur profession. » Un arrêt du Conseil d’Etat du Roi du 19 juillet 1712 leurs ordonne de reprendre la présentation des Mays. Les orfèvres refusent et, réunis en Assemblée Générale, décident de dissoudre la confrérie. La belle histoire des Mays s’achève le 1er septembre 1712. Comme une « malédiction » trois ans plus tard, après une lente agonie, le 1er septembre 1715 le roi meurt.
Lorsque survient la Révolution française la cathédrale est transformée en temple de la Raison, son trésor est vendu ou pillé, les Mays se trouvent dispersés. Actuellement, sur les 76 Mays peints 52 ont été identifiés. En 2021 on retrouva à Givors près de Lyon le May de 1698, « L’Adoration des Mages » dans l’église…Saint-Nicolas.
Joyeux et saint Noël,
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
L’Adoration des Mages (1698) de Joseph Vivien
Ancien May de Notre-Dame de Paris,
aujourd’hui exposé dans l’église Saint-Nicolas de Givors (Rhône)
En 1248, Saint Louis dépose la sainte Couronne d’épines dans la Sainte Chapelle. Benoît XVI demeure le dernier pape à l’avoir vénéré en 2008 à Notre-Dame de Paris.
Dimanche matin, le pape prit la destination de l’île de Beauté et posa son avion sur l’aéroport d’Ajaccio-Napoléon-Bonaparte baptisé ainsi en souvenir peut-être de ses faits d’armes comme celui du kidnapping du pape Pie VII en 1809, le gardant captif pendant cinq ans. En ayant refusé une semaine plus tôt l’invitation aux cérémonies de la réouverture de Notre-Dame de Paris le souverain pontife a perpétué une tradition de liens particuliers entre la papauté et la cathédrale.
Ainsi, si on a retenu que le pape Alexandre III est venu en 1163 poser la première pierre de la nouvelle cathédrale, on a un peu oublié que sa présence s’inscrivait aussi par reconnaissance envers le roi de France, son protecteur. En effet, le 1er septembre 1159 à la mort du pape Adrien IV, il est élu pape par une majorité de cardinaux et selon la Tradition par le Saint-Esprit. Mais son élection est contestée par le Saint-Empire romain germanique de l’empereur Frédéric Barberousse. Ottaviano, son candidat vaincu, ayant rassemblé les troupes armées devint pape, plus exactement antipape, par acclamations sous le nom de Victor IV (signifiant étymologiquement « le vainqueur ») contraignant alors Alexandre III, le pape légitime, à s’exiler en France et à se mettre sous la protection du roi Louis VII.
Comme le rappelle Vatican News, site officiel du Vatican : « Six siècles, plus tard, la première visite d’un Pape dans l’édifice une fois construit s’inscrira dans un contexte historique beaucoup plus politique et quelque peu ambigu. En 1804, le Pape Pie VII est “invité” par Napoléon à célébrer le couronnement de l’empereur. L’évêque de Rome, qui effectue alors une vaste tournée de plusieurs mois en France, se trouve quelque peu instrumentalisé par l’empereur, soucieux d’asseoir sa suprématie en Europe par le sceau du pouvoir spirituel. Mais cette visite de Pie VII s’inscrit aussi dans une résurrection de la foi catholique en France, symbolisée par le retour au culte catholique, deux ans plus tôt, d’une cathédrale qui avait perdu sa sacralité durant les années de la Révolution française et avait été largement vandalisée. Devenue “temple de la déesse Raison”, puis simple entrepôt, elle avait alors échappé toutefois à la démolition qui avait été envisagée par certains leaders révolutionnaires. Selon certains historiens, Robespierre avait en réalité fait le choix d’épargner cette cathédrale pour éviter une révolte des catholiques. »
Le 12 septembre 2008, Benoît XVI, dernier pape à avoir honoré de sa présence Notre-Dame de Paris, déclara : « La cathédrale Notre-Dame demeure à juste titre l’un des monuments les plus célèbres du patrimoine de votre pays. Les reliques de la Vraie Croix et de la Couronne d’épines, que je viens de vénérer, comme on le fait depuis saint Louis, y ont trouvé aujourd’hui un écrin digne d’elles, quiconstitue l’offrande de l’esprit des hommes à l’Amour créateur.»
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
Vendredi 13 décembre 2024, le Prince Louis de Bourbon, en tant que chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre en France, a participé à la procession du retour de la sainte Couronne d’épines à Notre-Dame de Paris
Lors du Bal du Nouvel An – Bal de la Saint-Nicolas du samedi 11 janvier 2025 un hommage sera rendu au chanoine Jean-Marc Fournier, aumônier de la Chapelle Royale Saint-Louis de l’Ecole Militaire qui au moment de l’incendie de Notre-Dame était celui des Sapeurs-Pompiers de Paris sauvant alors la Sainte Couronne d’épines et le Saint-Sacrement.
Suite à la consécration de son royaume à la Sainte-Vierge, l’Assomption (15 août) devenant la fête nationale, Louis XIII s’engage par le Vœu de 1638 à offrir un nouveau maitre-autel au choeur de Notre-Dame de Paris, mais il meurt 5 ans plus tard sans l’avoir réalisé. Louis XIV le construira.
Le maître-autel, qui représente le Christ lui-même, et les sculptures ont été épargnés par l’incendie. De part et d’autre de la Pieta, Louis XIII agenouillé, offre son Trône (sa couronne) à la Sainte Vierge tandis que Louis XIV, agenouillé, en roi très chrétien, la main sur le coeur, est en adoration.
Après l’incendie de Notre-Dame de Paris le monde entier est venu au secours de ce chef d’œuvre du Moyen-Âge et de la Chrétienté. Samedi les « grands de ce monde » seront en admiration dans Notre-Dame restaurée, oeuvre de l’évêque Maurice de Sully, fils d’un simple bûcheron et d’une fabricante de balais de Sully-sur-Loire ayant pour richesse le goût du beau.
Ancien mendiant, Maurice de Sully n’a pas oublié son prochain, « nosSeigneurs les malades ». Avec le soutien protecteur du roi il a poursuivi son œuvre en entreprenant cinq ans plus tard, en 1165, au pied de la cathédrale la reconstruction de l’Hôtel-Dieu pour y soigner les miséreux qu’on ne confond pas avec les clochards qui sont les passants qu’on convie à monter dans les tours pour sonner les cloches de la messe.
En 1683, le bourdon de Notre-Dame est fondu, Louis XIV, son parrain le baptise Emmanuel (« Dieu parmi nous »). Sous la Révolution française, en 1793, la Convention décrète la suppression de toutes les « images de la tyrannie et de la superstition » les 28 sculptures monumentales de la galerie des rois de Judée qui surplombent la façade occidentale sont détruites, les cloches sont descendues, brisées et fondues pour fabriquer des canons. Seul le bourdon Emmanuel est épargné et sera replacé dans sa tour en 1802 sur ordre de Napoléon Ier.
Louis XIV n’oublia jamais sa naissance miraculeuse. Ses parents, Louis XIII et Anne d’Autriche, n’ayant toujours pas d’enfant, la Sainte Vierge vint au secours du Royaume des Lys en apparaissant au frère Fiacre, lui demandant de prier trois neuvaines en son honneur, à Notre-Dame de Paris, à Notre-Dame-des-Victoires (Paris) et à Cotignac. Louis « Dieudonné » naît neuf mois après la fin des neuvaines. Louis XIV aura toute sa vie une grande dévotion mariale et fera du 8 décembre 1672, le premier « jour solennel » passé par le roi à la chapelle royale du château de Versailles. Le jour de la fête de l’Immaculée Conception sera aussi l’un des 5 « bons jours » où le roi communiait. Ainsi, près de deux siècles avant sa reconnaissance comme dogme par l’Eglise, l’Immaculée Conception était fêtée par le Roi-Soleil.
Après avoir retrouvé une nouvelle flèche surmontée, au sommet, d’une couronne, d’un coq et de la croix, le 6 décembre 2023, en la fête de Saint-Nicolas, Notre-Dame de Paris redeviendra notre citadelle de la foi à l’occasion de la fête de l’Immaculée Conception. Certes elle semble vide, beaucoup n’y voit qu’un monument historique, joyau de notre patrimoine national, mais ceux qui s’y presseront samedi pour assister en touristes à sa réouverture prennent le risque de se retrouver dans la situation de Paul Claudel (1868-1955) qui agnostique, aux vêpres de Noël 1886, trouva la foi alors qu’il se tenait à côté de la statue de la Sainte Vierge du Pilier : « J’avais complètement oublié la religion et j’étais à son égard d’une ignorance de sauvage… Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J’étais debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et JE CRUS… »
Bonne fête de la Saint-Nicolas ;
Bonne fête de l’Immaculée Conception.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
Lors du Bal du Nouvel An – Bal de la Saint-Nicolas du samedi 11 janvier 2025 un hommage sera rendu au chanoine Jean-Marc Fournier, aumônier de la Chapelle Royale Saint-Louis de l’Ecole Militaire qui au moment de l’incendie de Notre-Dame était celui des Sapeurs-Pompiers de Paris sauvant alors la Sainte Couronne d’épines et le Saint-Sacrement, les trésors les plus précieux de celui qui fut l’Enfant de la Crèche et qu’on célèbrera à Noël, mot signifiant étymologiquement « Jour de naissance ».
Le Bal sera organisé au profit des Sapeurs-Pompiers de Paris et de la Fondation Avenir du Patrimoine chargée de la restauration du tableau du transfert de la Sainte Couronne à Paris.