Dimanche 1er Juin 2025, festivité au Parc des Princes après la victoire du Paris Saint-Germain en Ligue des Champions, le président qatari félicite ses joueurs sur la scène fleurdelysée mais dépouillée du berceau de Louis XIV.
Lors de la réception au Yacht Club de France, les musiciens nous avaient donné un avant goût de la finale de la Ligue des Champions. En effet, ils ont joué du Haendel, le compositeur de Zadok the Priest, un hymne composé en 1727 pour le couronnement du roi George II, roi de Grande-Bretagne et d’Irlande et aujourd’hui générique des retransmissions télévisées. Les paroles ont été modifiées, on n’entend plus la version originale : « Dieu sauve le Roi, longue vie au Roi, que le Roi vive pour l’éternité ! Amen Alléluia ! » mais une version déchristianisée et d’une pauvreté linguistique « Ce sont les meilleures équipes…l’évènement principal, les maîtres,…les champions. »
À son origine le football est, comme l’escrime ou l’équitation, un sport aristocratique. En 1848, sous l’ère victorienne, Henry de Winton et un groupe de camarades de l’Université de Cambridge écrivent le règlement du jeu de football. À la fin du XIXe ce nouveau sport débarque au Havre et à Paris. Si l’Olympique de Marseille est créé en 1899 par le lorrain René Dufaure de Montmirail, il faudra attendre 1970 pour voir la naissance du Paris Saint-Germain, résultat de la fusion de deux clubs, l’un situé à Paris et l’autre à Saint-Germain-en-Laye.
Saint-Germain-en-Laye est la seule ville en France qui porte dans ses armoiries un berceau en souvenir de la naissance de son chef de l’État, le roi Louis XIV, un élément héraldique qu’on ne retrouve nulle part ailleurs : ni à Lille (De Gaulle), ni à Ajaccio (Napoléon), ni à Jarnac (Mitterrand) ni à Rouen (Hollande). Malheureusement en 2013 les qataris ont fait disparaître du logo du PSG le berceau du Roi-Soleil le remplaçant par une simple fleur de lys et ont rétréci à une taille lilliputienne le nom de Saint-Germain. En 2015, le PSG souhaite quitter son centre d’entrainement historique du Camp des Loges, un ancien terrain militaire créé sous Napoléon III en forêt de Saint-Germain-en-Laye. Il est alors envisagé d’acheter le domaine vacant de l’École nationale supérieure agronomique, créée en 1826 par Charles X sous le nom d’Institution royale agronomique de Grignon. Mais les amis de la nature et du patrimoine veillent et refusent l’artificialisation de 300 hectares de terres historiques et agricoles. Médiatisé, le projet est abandonné et le PSG s’en alla sur des terrains vagues à Poissy.
De son « héritage royal », le PSG conserve encore son Parc des Princes, son stade emblématique qui doit son nom à cette ancienne zone forestière du Bois de Boulogne fréquentée par la famille royale. Mais face au refus de la Ville de Paris de vendre son patrimoine inaliénable, le Qatar envisagerait de construire un nouveau stade, un Qatar Stadium. Il ne restera plus alors que l’Olympique de Marseille comme grand club assumant son héritage historique sous la protection de la « Bonne Mère ».
Joyeuse Pentecôte, que cette journée soit lumineuse,
Sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray :sous la protection de sainte Anne, Anne d’Autriche, entourée de ses deux enfants, porte les inscriptions sur le registre. Le vêtement de la reine, décoré de fleurs de lys (comme le fauteuil) et de dentelles, et celui du duc d’Orléans, contrastent avec le costume simple du jeune Louis XIV et du frère carme.
L’histoire de France et de la chrétienté sont étroitement liées. Jeudi dernier, le Professeur Patrick Demouy nous a conté la cérémonie du Sacre donnant son avis d’universitaire sur la légende de la Sainte Ampoule descendue du ciel portée par une colombe. Par contre, incontestablement, le Ciel a souvent été présent dans l’histoire monarchique envoyant sa bergère pour qu’elle conduise Charles VII à Reims, inspirant Louis IX dans ses œuvres avant d’être reconnu en tant que Saint Louis ou permettant la continuité du Miracle capétien avec Louis XIV.
Anne d’Autriche porte le prénom de sa grand-mère qui est aussi celui de la grand-mère de Jésus dont les reliques sont vénérées dans le Lubéron à Apt. Le Dauphin n’étant toujours pas né, Anne d’Autriche supplie sa sainte patronne et protectrice. Le 10 novembre 1623, elle adresse une lettre au sanctuaire en sollicitant l’envoi d’une parcelle des reliques. Mais comme le temps de Dieu n’est pas celui des Hommes, il lui faudra attendre quinze ans avant que le Frère Fiacre voit la Sainte-Vierge lui présenter « l’enfant que Dieu veut donner à la France » mais sous la condition de réciter trois neuvaines, à Notre-Dame des Grâces (à Cotignac, en Provence), à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Victoires. Le Frère Fiacre s’en acquitte du 8 novembre au 5 décembre 1637. En janvier 1638, consciente d’attendre un heureux événement, la Reine est placée sous la protection de la Sainte-Vierge. Ayant la réputation de favoriser la grossesse et la naissance d’enfants, comme avant elle Anne de Bretagne pour le dauphin Charles, le 6 février 1638, Anne d’Autriche ceint la Sainte Ceinture de la Vierge conservée au Puy-Notre-Dame en Anjou. Neuf mois après la fin de la dernière neuvaine du Frère Fiacre, le 5 septembre 1638, Anne d’Autriche donne naissance au futur Louis XIV.
Le 7 mars 1625 dans la Bretagne traditionnelle Sainte-Anne apparait à Yvon Nicolazic, un simple laboureur, qui est en train de réciter son chapelet et le guide dans un champ. On y retrouve une statue à l’endroit où s’élevait une chapelle qu’il faudra reconstruire. Cette même année, le 27 juin 1625 l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie fondé par Sainte-Jeanne de Chantal et Saint-François de Sales est approuvé par le pape. La chapelle de Sainte-Anne-d’Auray construite, Louis XIII et Anne d’Autriche offrent une relique de sainte Anne conservée au sanctuaire d’Apt. En 1651, Anne d’Autriche portée par une âme charitable fonde un hôpital pour « nos seigneurs les malades » lui donnant le nom de sa sainte patronne. Aujourd’hui, l’hôpital Sainte-Anne a une réputation internationale dans le domaine, en pleine expansion, de la psychiatrie.
En 2025, le sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray et le diocèse de Vannes fêtent les 400 ans des apparitions de sainte Anne. Pour la fête de Sainte Anne, le samedi 26 juillet, le pape Léon XIV se fera représenter par le cardinal Robert Sarah. Par ailleurs, le sanctuaire annonce le pèlerinage du duc d’Anjou. Le dimanche 1er juin, il accueillera Louis de Bourbon, descendant de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, pour une messe présidée par Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes. En 2025, l’Ordre de la Visitation fête aussi ses 400 ans. Samedi dernier, à Mayenne, l’ancien couvent des Visitandines devait accueillir le Bal diabolique des Ardent(e)s.Certes nous ne sommes plus au Grand Siècle dans une société à la foi ardente, il n’en demeure pas moins que nous devons respecter notre culture ancestrale sans dénaturer le patrimoine chrétien.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
Translation solennelle de la relique de Ste Anne donnée par Louis XIII & Anne d’Autriche pour être un gage perpétuel de leur piété & de leur affection envers ce lieu. L’an 1640.
Selon Mgr Centène. « Le souhait exprimé par Sainte Anne, de reconstruire une chapelle détruite il y a 924 ans et 6 mois, est une leçon d’espérance extraordinaire. Elle nous monte que quelque chose qui a disparu peut renaître. Nous déplorons souvent un christianisme en perte de vitesse… mais même si Dieu voulait que l’église disparaisse pendant 924 ans et 6 mois, selon sa volonté, elle pourrait renaître. Cela doit nourrir notre espérance et nous faire comprendre que malgré les difficultés, la Foi dans l’appel qu’elle a reçu la fera tenir debout et la fera avancer. »
Illustration extraite du beau-livre « Le Sacre du Roi » de Patrick Demouy
Le site de l’Ambassade de France auprès du Saint-Siège rappelle les relations bilatérales : « Peu de pays ont établi des relations aussi riches et aussi anciennes que la France avec le Saint Siège, comme en témoignent le baptême dans la foi catholique de Clovis, en 496, à Reims ; l’accord étroit entre les Papes Étienne II et Léon III et les Rois francs, Pépin le Bref et Charlemagne, au VIIIème siècle ; l’élection de nombreux Papes français au Moyen Âge, depuis Gerbert d’Aurillac, devenu Sylvestre II, « le Pape de l’An Mil » ; la présence de la papauté en Avignon de 1309 à 1377 ; l’importance des grands saints français au sein de l’Église : Saint Louis, modèle du souverain médiéval, Saint Vincent de Paul et Saint François de Sales, figures de la charité du XVIIème siècle, Sainte Bernadette Soubirous et les apparitions mariales de Lourdes, Sainte Thérèse de Lisieux, promue au rang de Docteur de l’Église par la Pape Jean-Paul II le 19 octobre 1997. Il faut également rappeler l’extraordinaire élan missionnaire français à travers le monde aux XIXème et XXème siècles. Ces relations ne furent pas toujours faciles, mais elles demeurèrent toujours denses et ont beaucoup apporté aux deux parties. S’il y eut des ruptures, à la fin du XVIIIème siècle, et entre 1904 et 1921, le schisme fut toujours évité et le cours du dialogue et de la coopération toujours retrouvé. »
Effectivement par gratitude pour son Libérateur, qui avait chassé les Lombards de son territoire, le pape Étienne II vint à Reims le 28 juillet 754 pour sacrer Pépin le Bref, roi et désormais protecteur des États pontificaux. Vers 800, Charlemagne, son fils, se rendit à Rome et pria dans la chapelle où reposait sainte Pétronille. Touché par sa chrétienté, le pape lui fit aimablement donation de la chapelle qui prit le nom de « Capella regum Francorum » (chapelle des rois Francs) et sainte Pétronille devint patronne du royaume de France. En 1483, afin de restaurer la basilique Saint-Jean-de-Latran, Louis XI fit donation de revenus dont ceux de l’abbaye de Clairac. Par reconnaissance le roi de France reçut le titre de premier et unique chanoine d’honneur, une prérogative conservée par le Président de la République. Tous les le 13 décembre, jour anniversaire de la naissance d’Henri IV, une messe est célébrée « pour le bonheur et la prospérité de la France »
Le 10 juin 2013,François déclarait : « La France est une fille aînée de l’Eglise mais peut-être pas la plus fidèle ! »Peut-être pensait-il au gallicanisme qui, à partir du XIVe siècle, organisait l’Église de France de façon autonome ne reconnaissant au pape qu’un pouvoir spirituel. En 1438, ce sera la rupture temporelle avec la Pragmatique sanction de Bourges qui proclamait le roi protecteur de l’Église de France.
Quand survint la Révolution française, le vent tourna, l’Église n’était plus en « odeur de sainteté », bien au contraire il fallait « écraser l’Infâme ». Le 12 juillet 1790 l’Assemblée vota la loi portant réorganisation de l’Église en France dite « Constitution civile du Clergé » Le 14 juillet 1790, lors de la fête de la Fédération en présence de la famille royale le « Diable Boiteux » célébra une messe « pas très catholique » sur « l’autel de la Patrie » ! Avant de promulguer la loi le roi ‘très chrétien » écrivit au pape Pie VI, qui ne s’empressa pas de lui répondre alors que Louis XVI lui était pressé par les représentants de la Nation. Le roi bienveillant signa la loi contre son gré. Roi à la foi ardente, Louis XVI la confessa dans son testament demandant pardon au Seigneur à la veille de son entrée dans son royaume le 21 janvier 1793.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
Dans son homélie le R.P. Bernard Ardura précisa : « Fidèle à une longue tradition, Madame l’Ambassadrice nous invite à célébrer la mémoire de sainte Pétronille et à prier pour la France, ses responsables politiques et tous les hommes et femmes qui vivent dans notre pays. …/…La dévotion des rois de France contribua à la splendeur de cette chapelle qui disparut lors de la construction de l’actuelle basilique Saint-Pierre. Louis XI avait octroyé à cette chapelle 1 200 écus d’or (aujourd’hui environ 350 000 €). Pendant le règne de Louis XII, le cardinal Jean de Bilhères Lagraulas, homme de confiance de Louis XI, Charles VIII et Louis XII, commanda au jeune sculpteur Michel-Ange sa célèbre Pietā, pour décorer la chapelle Sainte-Pétronille, lieu de rassemblement des Français de Rome avant la construction de l’église Saint-Louis-des-Français. C’est bien à partir de Charles VIII que le titre de « Fils aîné de l’Eglise » fut systématiquement portés par les rois de France, en référence au baptême de Clovis, premier roi baptisé dans la foi du concile de Nicée. La formule fut appliquée ensuite au royaume de France au XVIe siècle, puis à la France républicaine au XIXe siècle. Quant à l’expression « France, fille aînée de l’Eglise« , elle est attestée pour la première fois, lors du fameux Discours sur la vocation de la nation française le 14 février 1841 par le Père Henri-Dominique Lacordaire dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. »
Le lendemain de la Libération de Paris, le 26 août 1944, le Général De Gaulle s’est rendu à Notre-Dame pour assister à un Te Deum puis la semaine suivante à Notre-Dame des Victoires pour une messe d’action de grâce. Une démarche naturelle, la France Libre se battait sous la protection de la Croix d’Anjou (que d’autres appellent la Croix de Lorraine), grâce à une Sœur de la Congrégation des Filles du Coeur de Marie de Baugé exilée à Londres qui avait suggéré au vice-amiral Muselier d’adopter comme emblème la croix à double traverse sculptée dans le bois de la Vraie Croix du Christ, celui qui s’était proclamé le Chemin, la Vérité et la Vie. Ce choix a aussi été retenu par opposition à la Croix Gammée et à ses fausses croyances. À l’issue de la guerre le mal ne l’a pas emporté. Malheureusement, ce souvenir historique est mis sous le boisseau et le Ciel n’est plus convié aux commémorations.
En ce 8 mai 2025, en la fête de la Saint-Michel de Printemps, Prince des anges, jour où l’on commémorait la signature de l’armistice mais aussi la délivrance d’Orléans par Jeanne d’Arc qui en 1425, à l’âge de 13 ans, avait eu les premières apparitions de l’archange se présentant ainsi : « Je suis Michel, le protecteur de la France » le Père Henry de Villefranche, chapelain à Notre-Dame de Paris, présidait les vêpres à la cathédrale. Dans son mot d’introduction il précisait « Nous attendons tous un signe de Dieu avec l’élection du successeur du pape François. Non ce n’est pas les Cardinaux qui sont venus à Notre-Dame de Paris. Nous sommes en rouge parce qu’avec l’Église toute entière nous prions le Saint Esprit. L’Église n’est pas l’affaire que des Cardinaux c’est l’affaire des baptisés ». Puis au cours de la messe il prononçait cette prière « Toi le Pasteur de ton Église, éclaire et fortifie les Cardinaux réunis en conclave. Qu’à la lumière de l’écriture, de la Tradition, de l’Esprit Saint il soit docile à ton inspiration. » Quelques instants plus tard il se dirigeait vers le pupitre et déclarait : « Que peut-il se passer dans une église comme Notre-Dame ? On vient y rencontrer le Seigneur et Notre-Dame est un signe que Dieu habite vraiment parmi nous. La religion chrétienne c’est que Dieu vient habiter dans le monde, il s’incarne et le Seigneur est toujours celui qui est présent dans sa bienveillance, dans sa puissance. Mes amis un des signes que Dieu nous accompagne c’est que HABEMUS PAPAM »
Après une vie missionnaire au Pérou fondant des paroisses et des communautés avant de rejoindre la Curie Romaine, S. Em. le cardinal Robert Francis PREVOST a été élu pape. Ses premiers mots ont été pour Notre-Dame du Rosaire de Pompéi, un sanctuaire édifié par le Bienheureux Bartolo Longo, un avocat qui après avoir été séduit par l’anticléricalisme de Garibaldi s’est converti et a écouté la voix céleste : « Si tu cherches le salut, répands le Rosaire. Celle-ci est la promesse de Marie. Celui qui répand le Rosaire est sauf »
Dans sa première homélie Léon XIV n’a pas manqué de faire un constat cruel mais réaliste de notre société occidentale déchristianisée : « Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir. Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement. Aujourd’hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu’apprécié en tant qu’homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait. »
« Le chrétien ne peut vivre avec l’esprit du monde. La mondanité qui nous conduit à la vanité, à l’arrogance, à l’orgueil [est] une idole, ce n’est pas Dieu. » (Discours à Assise, 4 octobre 2013).
« Une culture qui ne connaît pas la fidélité, parce qu’elle change selon les circonstances, [qui] négocie tout [:] voilà ce qu’est la culture mondaine » (Homélie, 16 mai 2020).
Dans son amour, le Seigneur a rappelé son Vicaire. Si « Tous les chemins mènent à Rome », tous les Chemins ne mènent pas au Paradis, aussi, comme pour tous les défunts nous sommes invités à prier pour le repos de son âme.
Son pèlerinage sur Terre s’est achevé, son heure a sonné au lendemain de Pâques, de la Résurrection. Ses funérailles seront célébrées la veille du dimanche de la divine Miséricorde et de la Quasimodo, jour de l’achèvement de l’octave de Pâques, qui pour beaucoup est aussi ce personnage du roman de Victor Hugo « Notre-Dame de Paris », ce haut lieu de la Chrétienté qui lors de sa réouverture au culte, a rassemblé toute la planète, toute ! Non, un irréductible pape résista à l’invitation.
De même à sa mort on ne brisa pas l’anneau du pêcheur, jamais personne fit une génuflexion avant de l’embrasser car François ne le portait pas par mesure d’hygiène s’était-il justifié pour éviter la contagion quand il y avait de longues files de fidèles. Regalia et sceau pontifical utilisé initialement pour sceller les encycliques, l’anneau du pêcheur brisé signifiait que l’Église était devenue veuve de celui qui était son époux dans le ministère de Vicaire du Christ.
Les soubresauts de l’Histoire ont affecté les liens entre la France et la papauté avec une blessure profonde à la Révolution française lorsqu’on a voulu créer un « homme nouveau » déchristianisé. Au pays des Droits de l’Homme, ceux qui avaient répondu à l’appel de Dieu d’aller « porter la bonne parole » connurent le Golgotha et montèrent à l’échafaud. Rome n’a jamais oublié les martyrs de la Vérité. Saint Pie X béatifia les Carmélites de Compiègne (1906), Benoît XV les Ursulines martyres de Valenciennes (1920), Pie XI les Martyres d’Orange (1925), 191 martyrs de Septembre (1926), l’abbé Noël Pinot (1926) et l’abbé Pierre-René Rogue (1934), Pie XII les martyrs de Laval (1955), saint Jean-Paul II 99 martyrs d’Angers (1984) et 64 religieux des Pontons de Rochefort (île Madame) (1995), Benoît XVI l’abbé Pierre-Adrien Toulorge (2011). Le pape François est resté fidèle à ce devoir de mémoire en canonisant le 16 octobre 2016, suite de la reconnaissance d’un miracle survenu au Venezuela, le frère Salomon Leclercq, martyr de Septembre. Plus récemment, le 18 décembre 2024 le Vicaire du Christ a inscrit au martyrologe romain les Carmélites de Compiègne, elles sont devenues saintes par canonisation équipollente c’est-à-dire qu’aucun miracle n’a été nécessaire. Comme le précisa Vatican News, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort qui avait présenté au Pape en 2021 la demande d’une poursuite de leur processus de canonisation au nom des évêques des France, a déclaré à Radio Vatican : « Les carmélites de Compiègne sont de belles figures de la liberté chrétienne à vivre jusqu’au bout dans différentes circonstances historiques. Pour ma part, j’espère que cette canonisation contribuera un peu à un apaisement de notre mémoire française qui doit assumer des violences qui ont été dans notre histoire et qui font parties de celle-ci, mais à travers lesquelles des témoignages de foi, d’espérance et de charité ont été données, qui font aussi parties de la beauté de l’histoire française ».
Voûte de la Chapelle Royale du Château de Versailles
« La Résurrection du Christ » Charles de La Fosse (1708-1710)
Actuellement, la Manufacture des Gobelins présente une magnifique exposition sur le dernier sacre. On ne peut être qu’émerveillé par tant de beauté et d’avoir une pensée pour le prince Lev Nikoliaevitch Mychkine, personnage d’un roman de Dostoïevski, qui affirmait que « La beauté sauvera le monde »
Le sacre puisait sa beauté dans le christianisme. Pour beaucoup la beauté se résume à l’apparence extérieure, mais comme l’a si bien dit Mgr Michel Aupetit au lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris : « Nous avons perdu la beauté de l’écrin, mais nous n’avons pas perdu le bijou qu’elle contenait : le Christ présent dans sa Parole et dans son Corps livré pour nous. Construire l’Eglise de Paris, c’est d’abord faire grandir les fidèles dans la joie d’annoncer l’Evangile. C’est le vrai défi, là où nous avons besoin de la grâce de Dieu. Le reste, ce sont des pierres, fruits du génie humain, mais elles n’ont de sens que parce qu’elles portent l’homme à la prière. Si j’avais une cathédrale et pas de fidèles, je n’aurais plus de raison d’être évêque ! »
Jusqu’en septembre 2025, ce « bijou » est présent à l’abbaye du Port-du-Salut à Entrammes en Mayenne, témoin vivant de l’héritage spirituel de la Restauration (1814-1830).
Chassés à la Révolution française, exilés en Allemagne, les moines attendirent la chute de l’Empereur pour revenir en France. L’homme du Concordat (1801) n’inspirait pas confiance, c’était celui du kidnapping du pape (1809), les moines préférant aussi le 15 août prier la Sainte Vierge, patronne de France depuis le voeu de Louis XIII que « Saint Napoléon » selon le décret du « fils de la Révolution ».
Le 20 août 1814, le futur supérieur Dom Bernard de Girmont rencontrait Louis XVIII qui plaçait le premier couvent cistercien créé après la Révolution sous sa protection. À partir de 1822, le baron Marie-Joseph de Géramb, ancien chambellan de l’empereur d’Autriche retiré à l’abbaye, dirigeait la rénovation et l’agrandissement de l’abbatiale. Charles X y apportait son obole de 2 400 francs (environ 5 300 € selon la valeur des choses dans le temps).
Joyeuse et sainte fête de Pâques
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
Dernière Semaine sainte à l’abbaye Notre-Dame du Port-du-Salut (1233 – septembre 2025), elle disparaîtra dans l’indifférence générale. L’acteur franco-britannique Michael Lonsdale (1931-2020) appréciait y faire des retraites.
Le 5 mai 1777, Richard Mique présente à Marie-Antoinette, 21 ans, le projet d’aménagement des jardins de Trianon qui aboutira à la création du Hameau de la Reine dans le goût de l’époque avec les charmes de la vie champêtre.
Le 24 mai 1777, Joseph II, son frère, se rend à Ermenonville pour découvrir le premier « jardin paysager » d’Europe créé entre 1766 et 1775 par l’ami de Marat, le marquis de Girardin. Il s’est inspiré de la « Nouvelle Héloïse », le roman de Jean-Jacques Rousseau avec des « paysages philosophiques » destinées à faire réfléchir le promeneur.
Dans « Les Visiteurs » le comte Godefroy de Montmirail restitue l’esprit de la noblesse médiévale. Il capte la sympathie du spectateur quand le ridicule va à son fidèle écuyer resté une fripouille à l’époque contemporaine tandis que la descendante du preux chevalier, sans signe extérieur de richesse, conserve ses vertus nobiliaires. Dans le film on nous présente une belle demeure comme étant le château de Montmirail, il n’en est rien, il s’agit en réalité du château d’Ermenonville, dernier lieu de villégiature de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, sans le savoir, le descendant cinématographique de « La Fripouille » marche dans les pas du philosophe.
Le marquis de Girardin avait convié son ami à s’installer au village. Homme des Lumières, adepte du « retour à la nature » il aménagea près de son château un parc en rupture avec la conception classique du jardin à la français. Selon cet esprit éclairé : «Le fameux Le Nôtre, qui fleurissoit au dernier siècle, acheva de massacrer la Nature en assujettissant tout au compas de l’Architecte; il ne fallut pas d’autre esprit que celui de tirer des lignes, & d’étendre le long d’une règle, celle des croisées du bâtiment; aussitôt la plantation suivit le cordeau de la froide symétrie (…), les arbres furent mutilés de toute manière (…), la vue fut emprisonnée par de tristes massifs (…), aussitôt la porte la plus voisine pour sortir de ce triste lieu, fut-elle bientôt le chemin le plus fréquenté»
Sept ans après leurs mariages, Louis XVI et Marie-Antoinette n’ayant toujours pas d’enfant, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche envoya Joseph II afin de régler les problèmes conjugaux de sa sœur. Lors de son séjour en France, l’empereur du Saint-Empire rendit visite à l’homme des Lumières délaissant, semble-t-il, les reliques de la Passion du Christ, La Lumière, situées à la chapelle royale Saint-Frambourg de Senlis, à seulement 3 lieues d’Ermenonville.
L’année suivante, le philosophe remit son âme à Dieu. Le 14 avril 1794, la Convention nationale prit un décret ordonnant le transfert de ses cendres dans l’ancienne église Sainte Geneviève transformée en Panthéon en face de Voltaire, celui qui signait ses lettres par « Écrasons l’Infâme » (comprendre le catholicisme). On imposa donc un nouveau culte en remplacement de la religion civilisatrice du baptême de Clovis désormais martyrisée. C’est ainsi que devant une foule plongée dans un silence de cathédrale, les Carmélites de Compiègne, canonisées par le pape François en 2024, montèrent à l’échafaud en chantant le « Laudate Dominum » (« Louez Dieu« ). Peut-être « s’offrirent-elles en holocauste » pour sauver le catholicisme en France. Cette même année, la belle innocente Joséphine de Beauharnais écrivit sur un mur de sa prison des Carmes « Liberté, quand cesseras-tu d’être un vain mot ? Voilà dix-sept jours que nous sommes enfermées. On nous dit que nous sortirons demain, mais n’est-ce pas là un vain espoir ? »
Si à l’origine la Révolution française ne remit pas en cause la monarchie elle prospéra, par contre, sur sa proclamation d’un « Homme nouveau » déclaré « libre » … par rapport à Dieu.
d’après estampe de Langlumé (Musée Carnavalet) Parmi les 191 martyrs, Saint Salomon Leclercq, frère des écoles chrétiennes a été canonisé par le pape François en 2016 après la reconnaissance de la guérison miraculeuse en 2007 au Vénézuéla d’une fillette de 5 ans piquée par un serpent venimeux.
En 1992, l’Association du Souvenir des Martyrs avec les soutiens du Cardinal Lustiger, archevêque de Paris et de Jacques Chirac, maire de Paris, ont organisé une exposition sur « 1792, les Massacres de Septembre ». Jean Guitton de l’Académie française écrit : « Ce que le Colisée est à Rome, la chapelle des Carmes l’est à la France : le lieu où ont souffert ces « témoins de sang » appelés martyrs. Certes, la chapelle des Carmes a d’autres titres : sa coupole, la dévotion à Saint-Joseph, la chaire où prêcha Lacordaire…Tout s’efface devant les Martyrs de Septembre. »
Dans la France rurale de 1789, les cahiers de Doléances ne remettent pas en cause le catholicisme, au contraire, l’église est au centre du village et rythme la vie et l’ordre social. Mais lorsque le roi convoque les Etats Généraux, tous les députés sauf un ou deux sont des notables imprégnés de l’idéologie des Lumières. La christianophobie sera au coeur du combat révolutionnaire :
– le 20 août 1789, l’Assemblée Nationale devenue l’Assemblée Constituante (9 juillet) nomme un « Comité ecclésiastique » pour l’étude des propositions concernant la religion ;
– le 28 octobre 1789, « l’émission des vœux dans tous les monastères est suspendue. » ;
– le 2 novembre 1789, un décret met les biens du clergé à la disposition de la Nation ;
– le 12 juillet 1790, vote de la loi portant réorganisation de l’Eglise dite « Constitution Civile du Clergé ». Le 28 juillet 1790, Louis XVI écrit au Pape pour lui faire part de ses difficultés en présence de cette loi. Le 24 août 1790, en l’absence de réponse du Pape, Louis XVI promulgue la loi sous la pression de 2 évêques ministres. Le 25 décembre 1792, il en fera repentance dans son testament : « je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) a des actes qui peuvent être contraires a la discipline et a la croyance de l’Eglise Catholique a laquelle je suistoujours reste sincèrement uni de cœur »
– mars 1791, Louis XVI remplace l’abbé Poupard, son confesseur, assermenté, par le père Hébert, qui sera parmi les martyrs des Carmes.
– 7 avril 1791, à Paris, plusieurs chapelles sont envahies par des émeutiers ; prêtres et fidèles sont insultés et molestés.
– 17 avril 1791, La Société des Amis des droits de l’homme et du citoyen connue sous le nom du Club des cordeliers dont l’objet est de« dénoncer au tribunal de l’opinion publique les abus des différents pouvoirs et toute atteinte aux droits de l’homme » publie un pamphlet sur Louis XVI accusé d’avoir communié des mains d’un prêtre réfractaire se montrant par là « réfractaire aux lois du Royaume »
– 29 novembre 1791, loi prévoyant que les prêtres réfractaires seront inscrits sur la liste des suspects. Le 19 décembre 1791, Louis XVI fait connaître son intention d’user de son droit de véto.
– 20 avril 1792, l’Autriche déclare la guerre à la France
– 28 avril 1792, Interdiction du costume religieux et suppression de toutes les congrégations.
– 27 mai 1792, Décret permettant la déportation des prêtres réfractaires. Le 6 juin, Louis XVI, usant de son droit de véto, refuse de signer le décret. Le 20 juin, les Tuileries sont envahies par les émeutiers aux cris de « A bas le véto ! Mort aux prêtres ! » Le roi refuse de faire « le sacrifice de son devoir »
– 10 août 1792, prise des Tuileries, le Roi et sa famille sont emprisonnés au Temple.
– 11 août 1792, début des « rafles » de prêtres jusqu’au 2 septembre.
Le 1er octobre 1926, en la fête de saint Rémy, évêque de Reims, Pie XI signe le décret de la béatification des victimes de septembre 1792, l’Eglise ne se limite pas à reconnaître que les religieux ont été mis à mort « en haine de la foi », la Révolution française est clouée au pilori : « On ne pourra jamais assez déplorer ce noir et misérable fléau qui, à la fin du XVIIIe siècle, caché sous le nom mensongeur de philosophie, avait perverti les esprits et corrompu les mœurs, et rempli avant tout la France de meurtres et de ruines. L’âme est émue d’horreur au souvenir desinexprimables spectacles de cruauté et de barbarie qu’exhibèrent, pendant la révolution française, des hommes impies et scélérats, à peine dignes de ce nom d’hommes : les temples sacrés dépeuplés, les signes sacrés de la religion catholique violés, des évêques, des prêtres, de pieux laïques immolés arbitrairement, pour avoir refusé de prononcer une formule de serment décrétée par la puissance laïque et ouvertement opposée aux droits de l’Eglise, à la liberté de la conscience, ou pour s’être montrés moins bienveillants envers ces nouvelles institutions politiques. »
Le 3 septembre 1792, Marat signe la circulaire appelant à la généralisation des massacres « La commune de Paris se hâte d’informer ses frères de tous les départements qu’une partie des conspirateurs féroces détenus dans les prisons a été mise à mort par le peuple ; actes de justice qui lui ont paru indispensables, pour retenir par la terreur les légions de traîtres cachés dans ses murs, au moment où il allait marcher à l’ennemi ; et sans doute la nation entière, après la longue suite de trahisons qui l’ont conduite sur les bords de l’abîme, s’empressera d’adopter ce moyen si nécessaire de salut public, et tous les Français s’écrieront comme les Parisiens : « Nous marchons à l’ennemi ; « mais nous ne laisserons pas derrière nous ces brigands, pour « égorger nos enfants et nos femmes. » C’est ainsi qu’on massacra aussi dans la prison de Meaux.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
L’objet de l’association pour Le Souvenir des Bienheureux martyrs de Septembre 1792 est en particulier de « Garder vivant le souvenir des martyrs » et de « Prier les martyrs pour qu’ils intercèdent pour les vocations religieuses et sacerdotales dont l’Eglise a besoin, ainsi que pour les chrétiens persécutés dans le monde actuel… « . En cela, elle est apolitique et à caractère religieux et s’inscrit dans un souci de réconciliation et dans la continuité du pardon que les martyrs ont eut vis-à-vis de leurs bourreaux.
Louis XIV en prière dans l’ancienne chapelle du château de Versailles, résidence royale depuis 1682. 20 ans plus tôt, il conviait Bossuet à prêcher le Carême dans la chapelle du Louvre.
En 1643, le Grand Siècle porte sur le trône de France un enfant de 4 ans et demi. En 1654, après la Régence d’Anne d’Autriche, sa mère, Louis XIV est sacré à Reims. Pour que le « Lieutenant du Dieu sur Terre » (1) puisse régner en roi très chrétien le Seigneur a mis sur sa route Bossuet, un éminent dignitaire de l’autel depuis le 16 mars 1652, jour où il a reçu le sacrement de l’Ordre, la lumière divine.
Pour Bossuet le roi est « l’image de Dieu », le professeur Jean-Louis Harouel précise « la « puissance sacrée » des rois était un pouvoir miraculeux directement institué par Dieu. » En 1662 il est appelé à prêcher le Carême à la cour. La troisième semaine, le disciple de saint Vincent de Paul prononce devant le roi le « sermon sur la Charité fraternelle » :
« …/…Entendez distinctement tout ce que vous faites, et connaissez tous les ressorts de la grande machine que vous conduisez : Ut intelligas universa quae facis (Pour que vous comprenez tout ce que vous faites), Salomon suivant ce conseil, à l’âge environ de 22 ans (Louis XIV avait 23 ans), fit voir à la Judée un roi consommé (2) ; et la France, qui sera bientôt un Etat heureux par les soins de son monarque, jouit maintenant d’un pareil spectacle.
Ô Dieu, bénissez ce roi que vous nous avez donné ! Que vous demanderons-nous pour ce grand monarque ? Quoi ? Toutes les prospérités ? Oui, Seigneur ; mais bien plus encore, toutes les vertus, et royales et chrétiennes. Non, nous ne pouvons consentir qu’aucune lui manque, aucune, aucune. Elles sont toutes nécessaires, quoi que le monde puisse dire, parce que vous les avez toutes commandées. Nous le voulons voir tout parfait, nous le voulons admirer en tout : c’est sa gloire, c’est sa grandeur qu’il soit obligé d’être notre exemple ; et nous estimerions un malheur public, si jamais il nous paraissait quelque ombre dans une vie qui doit être toute lumineuse. Oui, Sire, la piété, la justice, l’innocence de Votre Majesté, font la meilleure partie de la félicité publique. Conservez-nous ce bonheur, seul capable de nous consoler parmi tous les fléaux que Dieu nous envoie, et vivez en roi chrétien. Il y a un Dieu dans le Ciel, qui venge les péchés des rois. C’est lui qui veut que je parle ainsi ; et ; si Votre Majesté l’écoute, il lui dira dans le cœur ce que les hommes ne peuvent pas dire. Marchez, ô grand roi, constamment sans vous détourner, par toutes les voies qu’il vous inspire ; et n’arrêtez pas le cours de vos grandes destinées, qui n’auront jamais rien de grand, si elles ne se terminent à l’éternité bienheureuse. » Si Bossuet ne craint pas d’admonester le Roi et de faire état de sa vie privée, qui était en fait publique, car comme il le dira « Pour prêcher la vérité, il faut un cœur de roi, une grandeur d’âme royale…si cette noble fonction ne demande pas qu’on soit roi par l’autorité du commandement, du moins exige-t-elle qu’on soit roi par indépendance (3) » le futur « Aigle de Meaux » redoute la justice divine. Bossuet pense que les actes immoraux du roi pourraient mettre en colère le Très-Haut qui la ferait retomber sur son peuple.
Constance Cagnat-Deboeuf, maître de conférences, souligne « Le Carême du Louvre » fut la première occasion pour Bossuet de réfléchir sur « la manière d’instruire les rois. » Il lui fallait trouver un langage qui, sans « aigrir » l’esprit du monarque, lui enseignât ses devoirs.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
(1) : Lieutenant signifie qu’il « tenait en ce lieu » la puissance divine
(2) : qui a atteint un haut degré de perfection
(3) : qui n’est pas soumis à un autre, qui est libre de toute autorité souveraine
Anne d’Autriche et ses deux enfants : Louis XIV et Philippe, duc d’Orléans.
Nous venons d’entrer dans le temps béni du Carême. De nos jours ce n’est plus un événement public, le mercredi des Cendres n’a pas fait, non plus, la UNE des journaux. Sous l’ancienne France, à une autre époque, il en était tout autrement. La dévotion royale avait figure de devoir d’état, le roi se devait d’être dévot et d’œuvrer chrétiennement pour gagner son salut dans l’autre monde. La crainte d’offenser Notre Seigneur constituait alors un redoutable contre-pouvoir spirituel.
Comme l’a souligné le professeur Jean Barbey : « Depuis les origines de la monarchie et le baptême de Clovis, les rois des Francs – puis rois de France – ont un caractère religieux qui explique tout le passé chrétien du royaume. À partir de Pépin Le Bref, le roi est en principe le défenseur attitré du pape et de l’Église. Il est, dit-on, « le roi le plus chrétien », « un prince très dévot ». Être un monarque catholique, c’est d’abord pour le roi une manifestation de piété personnelle. Mais la vie publique traduit constamment cette situation ; à commencer par le sacre qui relie spirituellement et juridiquement le monarque à Dieu : l’onction lui confère un statut hors du commun, mi-spirituel, mi-laïc. Par la vertu de cette onction, il reçoit des « privilèges de clergie » : accès au chœur des églises, titres de chanoine, droit de communier sous les deux espèces…Mais la vie publique du roi, en dehors du sacre, est constamment mêlée de liturgie, dont, chaque fois, le point culminant est la messe. »
« Et à vous dire la vérité, mon fils, nous ne manquons pas seulement de reconnaissance et de justice, mais de prudence et de bon sens, quand nous manquons de vénération pour Celui dont nous ne sommes que les lieutenants. Notre soumission pour Lui est la règle et l’exemple de celle qui nous est due. Les armées, les conseils, toute l’industrie humaine seraient de faibles moyens pour nous maintenir sur le trône, si chacun y croyait avoir même droit que nous, et ne révérait pas une puissance supérieure, dont la nôtre est une partie. Les respects publics que nous rendons à cette puissance invisible pourraient enfin être nommés justement la première et la plus importante partie de notre politique, s’ils ne devaient avoir un motif plus noble et plus désintéressé. Gardez-vous bien, mon fils, je vous en conjure, de n’avoir dans la religion que cette vue d’intérêt, très mauvaise quand elle est seule, mais qui d’ailleurs ne vous réussirait pas, parce que l’artifice se dément toujours, et ne produit pas longtemps les mêmes effets que la vérité. Tous ce que nous avons d’avantages sur les autres hommes dans la place que nous tenons sont sans doute autant de nouveaux titres de sujétion pour Celui qui nous les a donnés. Mais à son égard l’extérieur sans l’intérieur n’est rien du tout, et sert plutôt à L’offenser qu’à Lui plaire. » Ainsi parlait Louis XIV dans les Mémoires pour l’instruction du dauphin, né le 1er novembre 1661.
Après la mort de Mazarin, le 9 mars 1661, Anne d’Autriche demeure à la Cour « pour y maintenir la vertu et la piété et pour entretenir l’union de la famille royale. » L’abbé Bossuet prêche le Carême au couvent des Carmélites, la reine-mère y vient l’entendre sur le thème du panégyrique de saint Joseph. La fondatrice de l’abbaye du Val-de-Grâce le connaissait déjà pour avoir assisté à l’un de ses prêches lorsqu’il était archidiacre de Metz. Séduite par son éloquence, Anne d’Autriche intervient auprès de son fils pour que Bossuet soit invité à prêcher le Carême à la cour l’année suivante. Louis XIV, en fils aimant, exauce son vœu. Comme le dira Madame de Motteville : « Il lui rendait ce qu’il lui devait en qualité de fils bien-aimé, et témoignait avoir beaucoup de considération pour elle. Non seulement il l’aimait, mais il lui disait des choses qui faisaient voir aussi qu’il l’estimait. »
Le 2 février 1662, en la fête de la Purification de la Sainte Vierge, Bossuet monte en chaire dans la chapelle royale du Louvre. Il fait son premier sermon et se tournant vers le roi, le termine en lui disant : « Sire, votre Majesté rendra compte à Dieu de toutes les prospérités de son règne, si vous êtes aussi fidèle à faire ses volontés comme il est soigneux d’accomplir les vôtres. »