L'art de vivre à la Française

2022 marque l’anniversaire du tricentenaire du sacre de Louis XV. À cette occasion, le Château de Versailles lui consacre une exposition temporaire (du 18 octobre 2022 au 19 février 2023), Yves Carlier et Hélène Delalex en sont les commissaires.

Le lit de justice tenu au Parlement à la majorité de Louis XV (22 février 1723). La Régence prenait fin officiellement.

Avant de mourir, Louis XIV se méfiant du duc d’Orléans appelé à devenir régent, compose un conseil de régence chargé d’encadrer ses pouvoirs. Le 1er septembre 1715, le Roi-Soleil meurt, bien entendu le duc d’Orléans souhaite s’affranchir de ce voeu “testamentaire” et le soumet au “sages conseils” du Parlement de Paris. Des tractations ont lieux, le testament de Louis XIV est alors interprété dans le sens voulu par le régent, en contrepartie le Parlement retrouve le 15 septembre 1715 le droit de remontrances préalables à l’enregistrement.

Dès lors, le Parlement de Paris entre régulièrement en conflit avec l’autorité royale. Le 3 mars 1766, excédé par les refus répétés des magistrats, Louis XV se rend au Parlement de Paris pour y prononcer un discours d’une grande sévérité connu sous le nom de “Séance de la flagellation”.

Le roi y défend l’Ordre harmonieux du Royaume, il réfute la théorie des classes et l’ambition politique des Parlements : “Je ne souffrirai pas qu’il se forme en mon royaume une association qui ferait dégénérer en une confédération de résistance le lien naturel des devoirs et des obligations communes, ni qu’il s’introduise dans la Monarchie un corps imaginaire qui ne pourrait qu’en troubler l’harmonie ; la magistrature ne forme point un corps, ni un ordre séparé des trois ordres du Royaume ; les magistrats sont des officiers chargés de m’acquitter du devoir vraiment royal de rendre la justice à mes sujets, fonction qui les attache à ma personne et qui les rendra toujours recommandables à mes yeux. Je connais l’importance de leurs services : c’est donc une illusion, qui ne tend qu’à ébranler la confiance par de fausses alarmes, que d’imaginer un projet formé d’anéantir la magistrature et de lui supposer des ennemis auprès du trône ; ses seuls, ses vrais ennemis sont ceux qui, dans son propre sein, lui font tenir un langage opposé à ses principes ; qui lui font dire que tous les parlements ne font qu’un seul et même corps, distribué en plusieurs classes ; que ce corps, nécessairement indivisible, est de l’essence même de la Monarchie qui lui sert de base ; qu’il est le siège, le tribunal, l’organe de la Nation ; qu’il est le protecteur et le dépositaire essentiel de sa liberté, de ses intérêts, de ses droits ; qu’il lui répond de ce dépôt et serait criminel envers elle s’il l’abandonnait ; qu’il est comptable de toutes les parties du bien public, non seulement du Roi, mais aussi à la Nation ; qu’il est juge entre le roi et son peuple ; que, gardien respectif, il maintient l’équilibre du gouvernement, en réprimant également l’excès de la liberté et l’abus du pouvoir ; que les parlements coopèrent avec la puissance souveraine dans l’établissement des lois ; qu’ils peuvent quelquefois par leur seul effort s’affranchir d’une loi enregistrée et la regarder à juste titre comme non existante ; (…) qu’ils appellent des actes illégaux, ainsi qu’aux ordres qu’ils prétendent surpris, et que, s’il en résulte un combat d’autorité, il est de leur devoir d’abandonner leurs fonctions et de se démettre de leurs offices, sans que leurs démissions puissent être reçues.

Puis, le roi défend l’intégrité de sa souveraineté, il rappelle que les Parlements disposent du pouvoir délégué de justice et de celui de l’enregistrement : Entreprendre d’ériger en principe des nouveautés aussi pernicieuses, c’est faire injure à la magistrature, démentir son institution, trahir ses intérêts et méconnaître les véritables lois fondamentales de l’Etat ; comme s’il était permis d’oublier que c’est en ma seule personne que réside la puissance souveraine, dont le caractère propre est l’esprit de conseil, de justice et de raison ; que c’est de moi seul que mes cours tiennent leur existence et leur autorité ; que la plénitude de cette autorité, qu’elles n’exercent qu’en mon nom, demeure toujours en moi, et que l’usage n’en peut jamais être tourné contre moi ; que c’est à moi seul qu’appartient le pouvoir législatif sans dépendance et sans partage ; que c’est par ma seule autorité que mes cours procèdent, non à la formation, mais à l’enregistrement, à la publication, à l’exécution de la loi, et qu’il leur est permis de me remontrer ce qui est du devoir de bons et utiles conseillers ; que l’ordre public tout entier émane de moi et que les droits et intérêts de la Nation, dont on ose faire un corps séparé du Monarque, sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu’en mes mains. (…) Les remontrances seront toujours reçus favorablement quand elles ne respireront que cette modération qui fait le caractère du magistrat et de la vérité (…) ; mais si, après que j’ai examiné ces remontrances et qu’en connaissance de cause, j’ai persisté dans mes volontés, mes cours persévéraient dans le refus de s’y soumettre, au lieu d’enregistrer du très exprès commandement du Roi (…) si elles entreprenaient d’anéantir par leur seul effort des lois enregistrées solennellement, si enfin, lorsque mon autorité a été forcée de se déployer dans toute son étendue, elles osaient encore lutter contre elle par des arrêts de défense (…) la confusion et l’anarchie prendraient la place de l’ordre légitime et le spectacle scandaleux d’une contradiction rivale de ma puissance souveraine me réduirait à la triste nécessité d’employer tout le pouvoir que j’ai reçu de Dieu pour préserver mes peuples des suites funestes de ces entreprises (…) “.

Ce discours apparait comme l’un des évènements précurseurs du mouvement révolutionnaire. Petit à petit, les idées nouvelles se répandent dans la haute société, l’autorité royale est contestée, on marche vers la Révolution. Louis XV meurt en 1774. Le 16 octobre 1793, à midi, place de la Concorde, anciennement place Louis XV, Marie-Antoinette est assassinée. Deux heures plus tard, à la nécropole royale de Saint-Denis, le cercueil de Louis XV est profané et ses restes jetés dans la fosse commune…la Révolution dans ses oeuvres.

Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

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