De la Révolution française on ne retient généralement que les images d’Epinal : la prise de la Bastille, l’abolition des privilèges, la proclamation des Droits de l’Homme, la Marseillaise. Bien entendu on n’ignore pas les combats des royalistes, chouans et vendéens contre les républicains, mais en les réduisant à la sphère politique on feint d’ignorer la véritable pierre d’achoppement : la remise en cause du modèle social catholique dont le roi « lieutenant de Dieu sur Terre » était le gardien et le protecteur.
Tombée dans les oubliettes de l'Histoire, on ne sait plus que suivant les idéaux des Lumières, le 10 novembre 1793 on a célébré dans la cathédrale Notre-Dame de Paris la « fête de la Liberté ». La citoyenne Aubry, figurante de l'Opéra, devenait la déesse de la Raison. L'idole fut portée en triomphe jusqu'à la Convention. Elle mourut sur scène en 1807 devant son admiratrice Josephine, épouse du Fils de la Révolution, videur de Séminaires. Triomphant provisoirement de l’Infâme, le rousseauiste Chaumette, partisan de la déchristianisation, faisait une déclaration tonitruante : "Vous l'avez vu, citoyens législateurs, le fanatisme a lâché prise et a abandonné à la Raison, la Vérité, la Justice, la place qu'il occupait : ses yeux louches n'ont pu soutenir l'éclat de la lumière et s'est enfui. Nous nous sommes emparés des temples qu'il nous abandonnait et les avons régénérés. Aujourd'hui tout le peuple de Paris s'est transporté sous les voûtes gothiques frappées si longtemps de la voix de l'erreur, et qui pour la première fois ont retenti du cri de la vérité ! [...] un seul vœu s'est fait entendre, un seul cri s'est élevé de toutes parts : plus de prêtres, plus de dieux que ceux que la nature nous offre".
Les idées nouvelles n’avaient contaminé que « l’élite », la minorité désormais au pouvoir, le peuple paysan était lui resté fidèle à la foi de ses aïeux. Les prêtres réfractaires à la Constitution civile du Clergé pourchassés, les églises fermées, en Provence, pour fêter Noël on confectionnait des « petits saints » qu’on appelle santons en provençal. Ainsi, quand vous ferez votre crèche à la maison, sans le savoir vous cultiverez une tradition contre-révolutionnaire née sous la Terreur, Noël n’existe plus dans le calendrier révolutionnaire ou républicain institué le 24 octobre 1793 par la Convention nationale.
Le 17 novembre 1793 l'exterminateur Carrier pratiquait les « baptêmes républicains » dans la Loire à Nantes reprenant le procédé mis en œuvre à Château-Gontier le mois précédant lorsqu’on noya dans la Mayenne les malades Vendéens hospitalisés. Samedi dernier, le Souvenir Vendéen et le Souvenir Chouan de Bretagne ont commémoré ce crime contre l’Humanité pour lequel il n’y a jamais eu la moindre repentance. Grâce aux sociétés mémorielles le « mémoricide » n’a pas lieu, impossible de l’effacer de la mémoire collective, les archives demeurent : « Un événement d’un genre nouveau semble avoir voulu diminuer le nombre des prêtres ; 90 de ceux que nous désignons sous le nom de réfractaires, étaient renfermés dans un bateau sur la Loire. J’apprends à l’instant, et la nouvelle en est très-sûre, qu’ils ont tous péri dans la rivière. » Carrier à la Convention nationale, le 17 novembre 1793. Durant cet automne sanguinaire, cette politique d’extermination de masse fit près de 5 000 victimes.
En 2023, on n’extermine plus physiquement, le mode opératoire culturel est désormais indolore avec de biens meilleurs résultats, ainsi, selon une étude de l'INSEE pour la première fois dans l'histoire une majorité de français se déclare "sans religion". La nature chrétienne de la société s'efface, à Nantes, on ne parle plus de Noël mais de « voyage en hiver », l’esprit des idées nouvelles de...1789 est préservé.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.