L'art de vivre à la Française

Elizabeth II,Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et autres royaumes du Commonwealth

Le 14 novembre 1948, la naissance du prince Charles lui fait oublier la santé précaire du roi Georges VI, son père

Le 8 juillet 2015, dans le journal hebdomadaire Le 1, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, accordait un entretien affirmant que le peuple français n’avait pas vraiment voulu décapiter Louis XVI et que, depuis, la personne royale demeurait la grande absente du système politique français : « Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général De Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au coeur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. »

     En 2012, le jubilé de diamant de la reine avait été suivi par 4 millions de téléspectateurs en France, 9 millions avaient regardé la cérémonie religieuse du mariage du prince William avec Kate Middleton, 8,1 millions pour celle du prince Harry avec Meghan Markle, les funérailles de leur mère en 1997, 30 millions de téléspectateurs. On peut légitimement penser que si la famille royale britannique est aussi populaire en France, c’est peut-être parce qu’elle comble justement ce vide laissé par le régicide de 1793. Orphelins de sa famille royale, les français ont trouvé dans les Windsor et dans la reine Elizabeth II, en particulier, la représentation humaine de ce pouvoir symbolique rassembleur par-delà les clivages politiques et les appartenances sociales. Le général De Gaulle, fondateur d’une Ve République qu’on a coutume de dire qu’elle est d’essence monarchique, sur le ton de la plaisanterie assurait que  « les Français ont le goût du prince mais vont le chercher à l’étranger ».

Guillaume Bernard, professeur d’Université, dans son “Introduction à l’Histoire du Droit et des Institutions” précisait : La société était conçue comme un corps dont tous les membres étaient à la fois indispensables (complémentaires) et hiérarchisés. Pour un juriste de la fin du XVIe siècle, Guy Coquille (1523-1603), le roi (en tant que tête) et les trois états (en tant que membres) formaient le corps politique et mystique du royaume : « Le roy est le chef, et le peuple des trois ordres sont les membres, et tous ensemble font le corps politique et mystique, dont la liaison et union est individue et inséparable, et ne peut une partie souffrir mal, que le reste ne se sente et souffre douleur. » (Discours des Estats de France, 1665). Le juriste nivernais comparait les trois ordres du corps politique aux trois principales parties du corps humain :

– au cerveau (entendement et raison) correspondait le Clergé (science et doctrine) ;

– au coeur (vivacité et rigueur) la noblesse (force) ;

– au foie (nourriture du corps) le tiers état.

Cette conception de la société entraînait une vision paternaliste du pouvoir : le roi était le père du peuple, expression utilisée par Louis XII en 1506 et maintes fois reprise par la suite. La tête avait une fonction régulatrice dans le corps et était donc la source de toute justice (en recherchant l’équité et le bien commun).

        La monarchie française n’est plus pourtant son ennemi héréditaire lui rend hommage avec son “God save the Queen“, la version anglaise du poème “Grand Dieu sauve le Roi” composé par la duchesse de Brinon et mis en musique par Jean-Baptiste Lully, pour célébrer la guérison de Louis XIV atteint…d’une fistule anale. Alors qu’en France on assiste à une déferlante d’anglicisme, la devise des Armes du Royame-Uni est toujours en français, faisant même référence au droit divin : “Dieu et mon droit“, le français était alors considéré comme la langue de l’élite, le quotidien britannique The Times l’a aussi conservé dans son logo. De même on retrouve le fameux “Honi soit qui mal y pense” sur le “très noble ordre de la Jarretière (Most Noble Order of the Garter), le plus élevé des ordres de chevalerie, fondé en 1348 pendant la guerre de Cent Ans. Lors d’un bal à Calais, en dansant avec le roi la comtesse de Salisbury fit tomber sa jarretière. Edouard III la ramassa et sous les railleries lança « Messieurs, honi soit qui mal y pense. Ceux qui rient maintenant seront très honorés d’en porter une semblable, car ce ruban sera mis en tel honneur que les railleurs eux-mêmes le chercheront avec empressement. »

 Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

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