L'art de vivre à la Française

Fête johannique d’Orléans 2022

Jeanne d’Arc était incarnée par Clotilde Forgeot d’Arc, descendante de Pierre d’Arc, dit Pierrelot, l’un des frères et compagnons d’armes de Jehanne.

Crédit Photos : Vincent Dresens

       Pour l’Eglise elle est une sainte, pour la République une héroïne, la moyenâgeuse Jeanne d’Arc n’a jamais été autant “moderne”, tout le monde ou presque s’en réclame dans notre France déchristianisée. Pourtant on ne peut pas réécrire son histoire intrinsèquement liée à sa foi. Sans ses voix intérieures elle n’aurait jamais quitté sa Lorraine pour venir en France, y lever le siège mis devant la cité d’Orléans puis rétablir la Légitimité de Charles VII, roi de France, en le conduisant à Reims, cœur de la chrétienté du royaume depuis Clovis et cité des sacres.

        Au XVe siècle, dans une société qualifiée de “patriarcale” elle a été la première femme chef des armées non pas par idéologie féministe dans une France progressiste mais parce qu’elle était portée par le feu ardent de sa foi dans une France traditionnelle, catholique qui croyait en la Providence, à ses vertus divines capables de mettre sur le chemin du “gentil Dauphin” une femme ayant pour devise “Messire Dieu, premier servi“. À l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire, elle ose cet acte juridique singulier de la triple donation du Royaume de France. Jehanne dit à Charles : « Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? » Le Roi perplexe, hésite, puis consent. « Sire, donnez-moi votre royaume ». Le Roi, ébahi, mais bon chrétien, respectueux de la parole donnée, s’exécute « Jehanne, je vous donne mon royaume ». Elle vient de “détrôner” le roi et s’exclame : « Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien ». Jehanne réalise alors son “coup de maître” et fait rédiger, par acte notarié, la triple donation du Royaume de France : « Le 21 juin de l’an de Jésus Christ 1429, à 4 heures du soir, Charles VII donne son royaume à Jehanne. Jehanne donne à son tour le royaume à Jésus-Christ et Jésus-Christ, Seigneur éternel, le donne au Roi Charles. »

       En 1994, le sénateur des Vosges Albert Voilquin (Groupe des Républicains et Indépendants) dans une question écrite au gouvernement attirait l’attention du Premier ministre sur la loi du 14 juillet 1920, adoptée à l’unanimité par la Chambre des députés et par le Sénat, et publiée par le Président de la République : article premier. La République française célèbre annuellement la fête de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme ; article 2. Cette fête a lieu le deuxième dimanche de mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans ; article 3. Il sera élevé en l’honneur de Jeanne d’Arc, sur la place de Rouen, où elle a été brûlée vive, un monument avec cette inscription : “A Jeanne d’Arc, le Peuple français reconnaissant.” La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’Etat. Il s’agit donc là d’une loi qui est toujours en vigueur, et qui semble quelque peu avoir été oubliée, plus particulièrement cette année-là, où la fête de notre héroïne nationale tombait en même temps que l’anniversaire des retrouvailles avec la liberté. Il semble en effet qu’aucune célébration officielle n’ait eu lieu dans la capitale, alors que, sans vouloir regretter le passé, autrefois, les gouvernements, les pouvoirs publics, dans la capitale et ailleurs, honoraient celle qui est le symbole du patriotisme, et dont Michelet a dit que “de son coeur est né le patriotisme”. Dans les circonstances actuelles, Jeanne d’Arc est le symbole aussi bien de ceux qui ont souffert en captivité que de ceux qui ont résisté et de ceux qui ont contribué à défendre la patrie. Il espérait que la loi serait rappelée, pour que cette fête nationale ne soit pas celle de l’oubli.

       Edouard Balladur, Premier ministre, lui répondait : “Comme indique l’honorable parlementaire, la loi du 10 juillet 1920 qui institue une fête nationale de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme, est toujours en vigueur. Cette fête donne lieu chaque année à une célébration le deuxième dimanche du mois de mai. A Paris, une cérémonie est organisée traditionnellement place des Pyramides dans le 1er arrondissement, avec la participation de moyens militaires. L’usage veut qu’elle soit placée sous la présidence du ministre des anciens combattants et victimes de guerre et qu’une gerbe soit déposée par le représentant de l’Etat. Enfin, le secrétaire général du Gouvernement rappelle, chaque année, aux ministres que les édifices publics doivent être pavoisés aux couleurs françaises à cette occasion. Ce rappel a été effectué en 1994 par lettre du 13 avril. Le Gouvernement veillera, comme par le passé, à ce que la fête de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme, continue d’être célébrée à l’avenir conformément aux dispositions de la loi et dans l’esprit que rappelle, à juste titre, l’honorable parlementaire.

Trente ans plus tard, il serait intéressant de savoir combien d’élus respecteront cette loi républicaine en allant dimanche prochain déposer une gerbe devant une statue de sainte Jeanne d’Arc ?

Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

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