L'art de vivre à la Française

La Double Monarchie de Habsbourg et ses sept siècles de règne

Le 21 novembre 1916, après 67 ans de règne l’empereur François-Joseph rejoint Sissi au royaume des Cieux. Son petit-neveu, l’archiduc Charles, lui succède sous le nom de Charles Ier, empereur d’Autriche et de Charles IV, roi de Hongrie. À 29 ans, en pleine guerre, il hérite de la Double Monarchie. Au lendemain de son accession au trône il adresse une Déclaration à ses peuples en faveur de la paix “Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour bannir dans le plus bref délai les horreurs et les sacrifices de la guerre, et rendre à mon peuple les bénédictions regrettées de la paix dans la mesure où se concilieront l’honneur de nos armes, les exigences vitales de nos Etats, le respect de nos loyaux alliés et les provocations de nos ennemis.”    

Chef de guerre catholique il interdit à son armée de bombarder les villes ouvertes et d’épargner les églises et les monuments historiques. Imaginant la fin des hostilités, il pense qu’en cas de victoire allemande, la Double Monarchie risquerait d’être réduite au rang de seconde Bavière, alors qu’en cas de victoire alliée, elle disparaîtrait. Il décide alors d’engager des négociations de paix en se rapprochant de la France, clef de voûte selon lui de l’Entente, par l’entremise des frères de l’impératrice Zita, les princes Sixte et François-Xavier de Bourbon-Parme, engagés sous l’uniforme belge, la loi d’exil bannissant du sol de France les membres de la famille royale (Elle ne sera abrogée qu’en 1950). Malheureusement, tous les dirigeants de l’Entente ne partagent pas le même sentiment, si la France d’Aristide Briand et l’Angleterre de Lloyd Georges sont partisans de la paix, l’Italie fait preuve d’intransigeance et les pourparlers de paix sont un échec.

Le vent de la défaite se profilant, Clémenceau au pouvoir, le démembrement de la Double Monarchie devient le nouveau “but de guerre des Alliés”. On voit à Rome “le congrès des nationalités opprimés” rassemblant l’émigration tchèque, croate, serbe et roumaine encadrés par les nationalistes italiens et un certain journaliste socialiste “en rupture” : le futur fondateur du fascisme, Benito Mussolini. Le 7 novembre 1918, les Alliés font savoir “qu’attendu que les peuples de l’ancienne monarchie austro-hongroise avaient décidé de la dissolution de l’Etat du Danube, les puissances de l’Entente ne pouvaient envisager de continuer les négociations avec le gouvernement de Sa Royale et Impériale Majesté.” Le 11 novembre 1918, dans son château de Schönbrunn l’empereur Charles renonce aux affaires de l’Etat. Le 12 novembre 1918, l’assemblée nationale provisoire des allemands d’Autriche proclame la République, tandis que le roi Charles se retire dans son pavillon de chasse d’Eckartsau. Le 13 novembre Charles signe un document connu sous le nom de lettre d’Eckartsau dans lequel il déclare : “Je ne veux pas que ma personne soit un obstacle au libre développement de la nation hongroise pour laquelle je ressens toujours le même constant amour. En conséquence, je me démets de toute participation aux affaires de l’Etat et a priori je reconnais la décision par laquelle la Hongrie déterminera la forme future de l’Etat.”

Deux ans après son accession au trône, les Alliés ont scellé le sort du dernier souverain de la Double Monarchie de Habsbourg, ainsi que de ses sept siècles de règne. La Der des ders souhaitée par les combattants, les poilus, ne sera qu’un rêve chimérique, l’humiliant Traité de Versailles portera les germes de la revanche tandis que celui de Trianon parachèvera la dislocation de l’Empire Austro-Hongrois. Détruire l’Empire catholique sera la trahison des valeurs civilisatrices. La croix christique abattue sera bientôt remplacée par celle à crochets, crochus comme les doigts diaboliques d’un petit caporal autrichien.    

Le 23 mars 1919, l’empereur déchu quitte son pays et s’exile avec sa famille en Suisse. Depuis 2004, il est reconnu Bienheureux par l’Eglise catholique en raison de sa foi vivante et de ses tentatives de paix.

 Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

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