L'art de vivre à la Française

14 juillet 1790 : Fête de la Fédération au Champ-de-Mars en présence du roi, acclamé par les 100 000 personnes réunies dans un climat d’union nationale.

Illustration : Les années Lumière (1989) de Robert Enrico.

En 2008, lors de son audition à l’Assemblée nationale dans le cadre de la mission d’information sur les questions mémorielles, Jean Favier, historien, membre de l’Institut, président du Haut comité des célébrations nationales déclara : “Le 14 juillet, qui n’est pas la date de la prise de la Bastille mais celle de la fête de la Fédération et donc de la monarchie constitutionnelle. L’identification du 14 juillet et de la fête nationale républicaine est néanmoins acquise. D’un autre côté, il est notable que deux dates fondamentales de la République ne sont jamais fêtées : les 4 et 21 septembre, dates respectives de la création de la Troisième République et de la fondation de la République. Une date ou une fête deviennent ce que les peuples en font.”

      Ce n’est qu’en 1880 suite à une proposition de loi déposée par le député d’extrême gauche Benjamin Raspail que le Parlement a fixé la date de la fête nationale au 14 juillet mais sans pour autant mentionner l’événement commémoré : « La République adopte le 14 Juillet comme jour de fête nationale annuelle » (article unique), le clivage parlementaire étant alors entre républicains et monarchistes. Pour ces derniers le 14 juillet 1789, “la prise de la Bastille” est jugée comme une journée sanguinaire marquant les prémices de la Terreur. Le malheureux gouverneur est effectivement entré dans l’Histoire et au Ciel après avoir été décapité par un boucher, sa tête porté au bout d’un pic alors qu’il avait livré la forteresse aux forcenés venus libérer les 7 prisonniers victimes de la “monarchie absolue” selon la mythologie révolutionnaire à savoir : 4 faux monnayeurs, 2 aristocrates embastillés à la demande de leur famille, l’un pour des “actes monstrueux” et l’autre pour “démence”, quant au dernier captif, il purgeait sa peine pour avoir tenté d’assassiner Louis XV. Loin de l’imagerie d’Epinal, la reddition de la Bastille a été le fruit des médiations des délégations composées d’avocats, de député, d’officiers et d’un abbé…Un mouvement insurrectionnel qui n’aura eu aucune conséquence politique, la monarchie n’étant abolie que le 21 septembre 1792.    

Un an plus tard, le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération est organisée en présence de Louis XVI et du Président de l’Assemblée nationale assis côte à côte sur des sièges identiques et fleurdelysés. Le diable boiteux Talleyrand célèbre la messe assisté de 300 prêtres. Puis, en premier, La Fayette, au nom des gardes nationales fédérés, prête serment : “Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi…” Après cela, Marie-Antoinette se lève et présente le Dauphin : “Voilà mon fils, il s’unit, ainsi que moi, aux mêmes sentiments“, la foule lui répond spontanément dans un enthousiasme communicatif : “Vive le roi ! Vive la reine ! Vive Monsieur le Dauphin !

En 1804, Jacques Alexis Thuriot de la Rozière, avocat, “héros de la prise de la Bastille”, député à l’origine de lois contre les prêtres réfractaires, élevé au titre de chevalier d’Empire par le fils de la Révolution, procède en tant que juge du tribunal criminel de la Seine à l’interrogatoire de Cadoudal. Georges ne cesse de le railler en l’appelant « Tue-Roi », lui rappelant ainsi son vote régicide. À la question qu’est devenu le portrait de Louis XVI autrefois en ta possession, le chef chouan lui répond à-propos : « Et toi, citoyen Tue-Roi, qu’as-tu fait de l’original ? »

 Nicolas Chotard

     Président des Lys de France,

         Fondateur du Bal des Lys.

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