L'art de vivre à la Française

         En 1994, lors d'un colloque sur l’Armée d’Afrique je rencontrais la jeunesse de 1914 celle qui continua le combat en 40. La maréchale de Lattre était présente, elle qui fut aussi dans l'ombre de son mari témoin et actrice de l'Histoire. La maréchale appartenait à cette société cultivée et distinguée qui rayonne par l’esprit et les oeuvres. À l’aube de ses 90 ans, elle me dédicaça le livre biographique écrit par un ancien engagé volontaire « Bernard Simiot fut, à la 1ère Armée française « Rhin et Danube », un des membres du Cabinet du Général d’Armée, pendant toute la campagne de la Méditerranée au Rhin et au Danube. Il écrivit cet ouvrage en mémoire de son Chef, Jean de Lattre. Il y consacra sa mémoire et son talent. Aujourd’hui 18 novembre 1994 je signe ce livre pour Nicolas Chotard en témoignage de sympathie. Il y découvrira tradition et idée d’avenir ! mais avant « subira » la tutelle des coutumes et découvrira, malgré lui, les exemples et les enseignements - avec l’espoir qui surgira de cette lecture. »

10 février 1793, la guillotine est dressée sur la place de Fontenay-le-Comte. Les suppliciés passent de vie à trépas en chantant le Veni Creator. Anne Duchêne de Denant, fille d'un Chef Vendéen est aux pieds des marches, elle voit la lame ensanglantée briller et se plonge dans une dernière prière pour mieux se préparer au grand passage. Mais le Seigneur a mis sur son Chemin le sans-culotte François Hénault. Il peut la sauver, s'armant de courage il s'avance vers la belle demoiselle et la demande en mariage selon le droit révolutionnaire de la grâce. Par cette action charitable, ce brave homme originaire de Mouilleron-en-Pareds a aussi probablement sauvé son âme damnée. Le 2 février 1889, Jean de Lattre vient au monde dans le village de cette aïeule maternelle. Son père est un gentilhomme sans titre et sans fortune, sa mère est une vraie Vendéenne, élevée dans la tradition catholique et royaliste. Le maréchal sera marqué par les moments de jeunesse passés avec son grand-père maternel, fier vendéen, impérieux et intarissable sur l’Histoire de France et les guerres de Vendée.   

Après s’être battu jusqu’à l’armistice, le 22 juin 1940, le plus jeune général de France ne répond pas à l'Appel du 18 Juin et intègre l’armée d’armistice de l’Etat français (Régime de Vichy). Contestant le rôle paramilitaire paternaliste des Chantiers de jeunesse, il fonde une Ecole de Cadres destinée à former des militaires. Un enseignement autour du corps et de l'esprit avec des entraînements intensifs au maniement des armes et des conférences sur "les fiertés françaises" sans oublier les grandes figures historiques : Bayard, Lyautey et Péguy. En novembre 1940, il informe sa hiérarchie que ses cadres militaires ne pourront pas être opérationnels avant 1944, la bataille d’Angleterre venant de se terminer il prédit « Hitler va être fatalement amené à diriger ses troupes sur l’URSS. La Wehrmacht s’enfoncera dans les steppes comme la Grande Armée et, comme elle, elle aura sa Moskowa et sa Bérésina. »

Le 11 novembre 1942, suite au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, les troupes allemandes envahissent la zone libre. À Montpellier, le général reçoit l’ordre de surseoir à tout mouvement des unités. Sa réponse est sans appel : « Je n’exécute pas, je désobéis au ministre » et froisse le télégramme avant de le jeter à la corbeille. Esseulé, abandonné, il est mis aux arrêts. Le « roi Jean » organise sa cellule, y place une photo de sa femme et au dessus de son lit le sabre de Charles X reçu par son arrière-grand-père en 1830 pour sa fidélité au dernier roi de France alors qu'il partageait son exil en Ecosse. Avec la complicité de sa femme il s’évade, un avion britannique vient le chercher et le soir même sur les ondes de la BBC son épouse et son fils sont rassurés en entendant le message : « Chat Huant est bien arrivé et embrasse Moineau et Pinson. »

Le 15 août 1944, à la tête de la 1ère Armée française il débarque sur les côtes de Provence. Le 7 mai 1945 dans la ville des Sacres, à Reims, au QG américain l’Allemagne vaincue signe un acte de reddition. Staline n'en est pas satisfait et exige le lendemain, le 8 mai 1945, à Berlin au QG soviétique un second acte de reddition. Toutefois, ce ne sont pas les nations qui signent mais les commandants des armées : Joukov pour l’Armée Rouge, Tedder pour la Force expéditionnaire alliée et pour le Haut Commandement Allemand : Keitel représentant la Wehrmacht, von Friedeburg, la Kriegsmarine et Stumpff, la Luftwaffe. Convié à ce moment solennel, ne voyant pas son nom, le « Chat Huant » s’insurge, va voir Joukov, lui parle de son pays et de son armée. Le russe l'écoute et lui répond : « Mon général, vous signerez pour la France. », à la fin du document une ligne est alors rajoutée : À la signature étaient également présents comme témoins : J. de Lattre de Tassigny, Général commandant en chef de la 1re armée française, Carl Spaatz, Général, commandant des Forces stratégiques aériennes des États-Unis.

De Lattre resta fidèle toute sa vie à sa devise : "Ne pas subir."

Bonne fête de l'Ascension,

 Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

Le relais de la flamme olympique a été inventé en 1936 aux Jeux Olympiques de Berlin. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du régime nazi, utilisa ce moyen pour glorifier son idéologie en l’associant aux idéaux de grandeur et de pureté de la Grèce antique cultivant, en même temps, une image pacifique et séduisante. Il est attristant de voir cet héritage nazi "débarquer en Provence" un 8 mai, jour de la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la victoire contre le nazisme.

Philippe de Villiers raconte Jean de Lattre

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