L'art de vivre à la Française

Après la première guerre mondiale, les monuments aux morts se généralisent dans la majorité des communes avec la mention “Morts pour la France” ou “Morts pour la Patrie”. En 2022, la majorité des communes entretiennent ce patrimoine mémoriel. Il est consternant de voir Dampierre, l’une des communes les plus riches des Yvelines, le laisser à l’abandon. Parmi les “Morts pour la Patrie, la commune de Dampierre reconnaissante” (sic ! ), on trouve le sous-lieutenant-pilote Charles d’Albert de Luynes, duc de Chevreuse, son père, propriétaire du château, avait doté Dampierre d’une oeuvre d’Ingres. 

 

Durant la crise sanitaire on a pu entendre “C’est dur d’avoir 20 ans en 2020” témoignant une empathie excessive envers une certaine jeunesse à l’esprit chagrin. Les cérémonies du 11 novembre nous rappellent les 20 ans de nos Poilus, dans les tranchées, les uns fauchés par la mitraille, les autres revenus du front avec des “gueules cassées”…l’Etat créant alors la Loterie Nationale (aujourd’hui la Française des Jeux) pour financer ses blessés de guerre.            

L’élite de l’époque gardait les valeurs de nos guerriers d’antan, de nos preux chevaliers, ne manquant pas de panache, se battant vaillamment les armes à la main. «Je n’entends plus les coups de revolver que tirait à trois mètres de moi le lieutenant Fournier ; je cherche mon chef: il gît à terre sans bouger.» L’auteur du Grand Meaulnes venait de passer l’arme à gauche. Destin brisé, avant la guerre, Charles Peguy lui avait prédit un brillant avenir : « Vous irez loin Fournier, vous vous souviendrez que c’est moi qui vous l’ai dit ».

Depuis quelques jours, le lieutenant Charles Péguy était lui aussi “Mort pour la France” atteint d’une balle en plein front alors qu’il commandait le feu, mort comme il avait vécu, debout, l’épée à la main, fidèle au commandement qu’il avait énoncé quelques années auparavant : « Celui qui est désigné doit marcher. Celui qui est appelé doit répondre. C’est la loi, c’est la règle, c’est le niveau des vies héroïques, c’est le niveau des vies de sainteté ». Les « vies héroïques », les « vies de sainteté ».

L’avocat et essayiste Michel Laval résuma bien cette époque « Jamais la France ne fut dans son histoire plus unie, plus rassemblée, qu’à cet instant. La France de l’« Union sacrée » où Barrès s’incline devant la dépouille de Jaurès assassiné, le pacifiste Hervé rallie le patriotisme le plus intransigeant, les antimilitaristes réclament des fusils, les socialistes votent les crédits de guerre et le marxiste Jules Guesde fraternise avec le très catholique Albert de Mun. La France engagée totalement, dans toutes ses forces ; dans toutes ses énergies, toutes les classes sociales, toutes les familles spirituelles et religieuses, toutes les forces politiques, la totalité des Français, nobles et roturiers, bourgeois et ouvriers, maîtres d’école et curés, hommes d’armes et gens de robe, laboureurs et marchands, apaches de Belleville et notables de province, catholiques et protestants, juifs et chrétiens, libres penseurs et croyants, démocrates et absolutistes, socialistes et maurrassiens, républicains et monarchistes, révolutionnaires et traditionalistes, se sont rassemblés en un même groupe, animés d’une même volonté, poussés par une même détermination, convaincus d’une même idée, soudés d’une même fraternité. La France spirituelle et la France temporelle, la France de l’Ancien régime et de la Révolution, des sacres de Reims et de la nuit du 4 août, du baptême de Clovis et de la Fête de la Fédération, des cathédrales et des écoles primaires, du Roi-Soleil et de la Commune de Paris, la fille aînée de l’Église et la patrie des Droits de l’homme, unies par-delà le « fleuve des morts » dont parle Michelet. « Vingt siècles de rois, vingt siècles de peuples », « des siècles et des vies, d’épreuves et de sainteté, d’exercices, de prières, de travail, de sang, de larmes »

Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

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